Espagne, années 1970. Javier, un clown issu d’une famille du cirque, tombe sous le charme de Natalia, belle acrobate et petite amie de Sergio, clown-vedette des enfants, néanmoins violent et alcoolique. Amoureux transi, les souvenirs de vengeance de sa famille meurtrie sous le régime de Franco, reviennent à toute allure à l’esprit de Javier.
Voilà un nouvel opus du réalisateur du cultissime « Un crime farpait » qui devrait ravir les adeptes du génial Alex de la Iglesia. Sa « Balada triste » est une oeuvre baroque et totalement déjantée mettant en scène des créatures, issues droit de l’imaginaire de l’enfance, à savoir des clowns. Mais derrière leur fard et leur nez rouge, une trivialité amoureuse va les transformer en monstres délirants et sanguinaires, sous un chapiteau peuplé de personnages rappelant les « Freaks » de Tod Browning (1932). Deux géniaux acteurs, Carlos Areces (Javier) et Antonio de la Torre (Sergio) entourent la sublime et charnelle Carolina Bang (Natalia).
Humour noir, situations cocasses, dialogues crus mais également scènes plus poétiques ponctuent cette « Balada triste », une œuvre esthétiquement très belle et excellemment réalisée. On est loin d’Almodovar, référence du cinéma espagnol: l’univers d’Alex de la Iglesia renverrait plutôt à la littérature fantastique (« Le Fantôme de l’Opéra ») et à la bande-dessinée: le Joker « Batman » pour le clown vengeur ou encore « V pour Vendetta ».
Sous fond d’histoire de l’Espagne (le film débute en 1936), certains passages et lieux sont authentiques (l’attentat de Carrero Blanco), d’autres se jouent de la réalité (la scène finale se déroulant dans le démesuré mausolée de la Santa Cruz del Valle de los Caïdos). La grandiloquente et géniale musique de Roque Baños accentue l’univers fou, magnifique et délirant du cinéaste espagnol.
Si le beau thème « Balada de la trompeta », interprété par l’espagnol Raphael, qui revient souvent dans le film vous entête, visionnez le poignant extrait du film « Sin un adiós » (1970).
Ci-dessus: la sublime Carolina Bang (Natalia) dans un numéro d’acrobate.
Ci-dessus: l’affiche espagnole de « Balada triste de trompeta ».
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