Jeune et jolie mannequin londonienne, Diana Scott (Julie Christie) est une irrésistible séductrice. Quittant son mari pour Robert Gold (Dirk Bogarde), un intellectuel et journaliste, sa carrière est propulsée grâce à Miles Brand (Laurence Harvey), le directeur d’une agence photo.

Troisième réalisation de John Schlesinger, Darling fut auréolé en 1966 de trois Oscar, dont ceux du meilleur scénario original pour Frederic Raphael – le scénariste de Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick) – et, surtout, de celui de la meilleure actrice pour la pétillante Julie Christie, alors âgée de 25 ans. Il faut dire que la jeune comédienne porte brillamment ce personnage qui aurait pour aïeule une certaine Lily Powers, la Baby face du film éponyme d’Alfred E. Green (1933) interprétée par l’inoubliable Barbara Stanwick.

Dans le Swinging London des années 1960, Diana gravit les échelons de la société grâce à sa beauté et aux hommes qu’elle séduit. Femme libre qui s’extirpe de son milieu pour celui de l’art et du show business, Diana « Darling » paiera les conséquences de son infidélité et des souffrances qu’elle provoque, en particulier envers Robert. Et la petite anglaise deviendra la malheureuse « principessa » d’un aristocrate italien (José Luis de Vilallonga).

Cette ressortie de l’indispensable distributeur Tamasa en version restaurée 4K est une occasion rare de découvrir sur le grand écran un film emblématique de la Nouvelle vague anglaise. Réalisé dans un beau noir et blanc, entre Londres, Paris et Capri, Darling chérie – son titre français – est une tranche de la vie d’une jeune femme de son temps, qui n’est pas sans rappeler la Françoise de La Vie conjugale (André Cayatte, 1964), passionnant diptyque tourné un an plus tôt avec Marie-José Nat.

John Schlesinger brosse le portrait moderne d’une société en voie de libération où la sexualité est un sujet majeur, sinon le principal. A noter l’évocation de la bisexualité affirmée de Gino (Dante Posani), une des conquêtes de Diana et de son ami Malcolm, photographe homosexuel (Roland Curram).

Ou, seulement 10 ans après la Seconde guerre mondiale et avant la libération des mœurs des années 1970, comment les jeunes occidentales tentaient de vivre librement leurs désirs et accéder à leur émancipation. Quitte à s’en brûler les ailes.

 Darling , un film de John Schlesinger

Ci-dessus: Darling lors de sa sortie française aux cinémas Publicis Elysées, Publicis Saint-Germain, Vendôme et Translux Pullman.