Qui était Lazare Silbermann, devenu après la Seconde guerre mondiale Claude Silvestre? C’est la question que pose aujourd’hui son fils, Benjamin Silvestre, en rouvrant les archives familiales.

En retrouvant des films amateurs, des documents et des photos de la famille Silbermann, le réalisateur reconstitue le parcours de son père Lazare et, de fait, convoque autant l’Histoire que l’intime. Entouré de ses deux enfants et de sa propre mère, Benjamin Silvestre investit un récit familial interrompu.

Né en 1936 dans une famille juive, alors que la famille fait face aux persécutions des Juifs et aux rafles, son père fuit la capitale avec ses parents vers Nantes puis dans la zone non occupée. C’est à cette époque, en pleine tourmente, que le petit Lazare Silbermann change d’identité pour Claude Silvestre. Son père emprisonné, sa mère place son fils dans une maison de l’O.S.E. (L’Œuvre de Secours aux Enfants) en Haute-Savoie.

S’il gardera sa nouvelle identité toute sa vie, la transmission de la mémoire familiale cesse après la guerre: le traumatisme de la séparation et, bientôt, la maladie d’Alzheimer empêchent Claude Silvestre de revenir sur son passé. Une véritable enquête amène le cinéaste sur les lieux de l’enfance de son père, notamment à La Chaumière, une ancienne maison ouverte par l’O.S.E. à Saint-Paul en Chablais, alors dans la zone italienne. Il y est accompagné par un ancien petit résident, Salomon Malmed, aujourd’hui nonagénaire et témoin de la présence de Lazare.

Avec une sublime forme poétique et la voix off du réalisateur qui dialogue avec un père absent, Lazare Silbermann est une œuvre délicate et nécessaire, portée par la musique de Sonia Wieder-Atherton qui interprète au violoncelle les émouvants Chants juifs. C’est notamment dans le cadre des Découvertes du Saint-André, au cinéma Saint-André-des-Arts à Paris 6e, que cet émouvant documentaire peut être découvert.