A l’approche du 60e anniversaire de la libération des camps nazis, Enric Marco (Eduard Fernandez), dynamique octogénaire à la tête d’une association d’anciens déportés espagnols, se rend dans les écoles ou auprès des rédactions de journalistes pour témoigner de son incarcération en Allemagne. Pourtant, son récit est remis en cause par un historien, Benito Bermejo (Chani Martín)…

Il était une fois le mensonge. Comment Enric Marco, président de l’Amicale de Mauthausen, a t-il pu faire croire durant des années qu’il avait été interné, pendant la Seconde guerre mondiale, au camp de Flossenbürg? C’est la question que posent les cinéastes Jon Garaño et Aitor Arregi dans Marco, l’énigme d’une vie, adapté du récit véridique du journaliste Javier Cercas L’Imposteur.

S’il se concentre sur l’engrenage affabulatoire de l’intéressé – Enric Marco (1921-2022) -, le film se penche également sur les mécanisme du mensonge et, une fois la supercherie révélée, son extraordinaire déni. La personnalité du vieil homme, formidablement interprété par Eduard Fernandez, est la clef de cette œuvre passionnante qui, sous la forme d’un thriller psychologique, bénéficie d’une mise en scène au millimètre constituant un puzzle avec, en guise de pièces, de nombreux flash backs.

Tourné en Espagne et en Allemagne lors de la visite du camp dans lequel il dit avoir été détenu des années auparavant, Marco, l’énigme d’une vie interroge sur la capacité à mentir, alors que l’étau se resserre inexorablement, et sur la propension de la société à le croire. A cet effet, sa femme Clara (Sonia Almarcha) et sa fille Aina (Júlia Molins) adoptent chacune leur propre système de défense. Passionnante de bout en bout, cette imposture qui renvoie à L’Adversaire (Nicola Garcia, 2002) fait écho aux  falsificateurs et, plus largement, aux négationnistes de toutes sortes.