Paris. Une femme s’est défenestrée. Le corps reposant sur le lit de mort, son mari revient sur leur rencontre et leurs quelques mois vie commune.
Premier film en couleurs de Robert Bresson (1901-1999) et première apparition au cinéma de Dominique Sanda, 18 ans, Une femme douce revient sur le grand écran dans une version restaurée distribuée par Les Acacias. Tourné en quasi huis clos dans un appartement parisien, le film du cinéaste des Dames du bois de Boulogne (1945) est une adaptation de la nouvelle de Dostoïevski, La Douce.
Dans un long flash back, « lui » (Guy Frangin) se remémore « elle » (Dominique Sanda) depuis leur rencontre dans la boutique de prêteur sur gages dans laquelle il officie jusqu’au dernier jour du drame. Entre temps, il s’est épris de cette jeune femme pauvre, sortie de nulle part et au passé mystérieux, qui lui vendait ses bijoux de famille afin de survivre. Il lui a proposé de se marier, a insisté devant son refus. Il a voulu la rendre heureuse et « se charger de son bonheur ». Mais, jaloux et possessif, il a provoqué l’échec du couple.
Drame de la vie conjugale, Une femme douce est le récit sec du bonheur illusoire. Il est magnifiquement porté par la révélation du film, Dominique Sanda, teint diaphane et voix grave. L’actrice qui allait connaître la notoriété un an plus tard avec Le Jardin des Finzi-Contini (Vittorio De Sica, 1970), possède déjà une présence troublante, entre la possibilité de l’amour et le désespoir. La mise en scène au cordeau de Robert Bresson et son scénario implacable font d’Une femme douce un joyau du cinéma bressonnien.
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