Malgré la proposition d’évolution et d’augmentation de salaire, Ryosuke (Masaki Suda) démissionne de son emploi dans une laverie industrielle. Le jeune homme, en couple avec Akiko (Kotone Furukawa), préfère se consacrer à une entreprise plus lucrative: l’achat et la revente de marchandises sur Internet. Quitte à engendrer des menaces de mort de la part de clients arnaqués.

Inspiré par un fait divers, le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa, connu pour son diptyque Shokuzai, celles qui voulaient oublier et Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir (2013), évolue dans un Japon obsédé par l’appât du gain rapide. Si Ryosuke aspire à gagner plus d’argent par tous les moyens – qui à ne pas être regardant sur les contrefaçons – avec pour projet une demeure plus vaste, sa compagne semble se satisfaire des facilités de gains et de l’animosité de clients floués. Petit à petit, le cinéaste de Creepy (2017) passe d’un thriller classique, où la menace rode à chaque moment, à la traque d’un homme par un groupe de chasseurs. Qui se conclut en un violent règlement de comptes, façon western.

Avec une mise en scène toujours recherchée, fluide et élégante, Kiyoshi Kurosawa pointe dans Cloud une société déshumanisée et mercantile qui, avec les réseaux sociaux, est libéré de sa violence autrefois contenue. Le rapport à l’autre (son ancien patron, sa compagne, son ami) n’est envisagé que dans un rapport marchand.