Second et dernier volet du terrifiant diptyque de Kiyoshi Kurosawa, « Shokuzai, celles qui voulaient oublier » suit le parcours, 15 ans après, de deux autres jeunes femmes qui ont assisté, alors écolières,au meurtre de leur amie Emili. Le cinéaste brosse ainsi le portrait de deux femmes qui ont pris le contre-pied de leurs amies du premier volet de « Shokuzai« . Alors que les deux premières semblent avoir oublié ce douloureux passé, Akiko et Yuka l’ont bien dans leur chair. Mais on verra qu’en définitive, toutes sont traumatisées par le fait divers auquel elles ont assisté.

Peu de policiers dans la série « Shokuzai » puisque c’est Asako Adachi qui mène l’enquête et découvrira, dans le final du film, l’effroyable vérité. Tous les acteurs de ce polar en forme de diptyque, initialement tourné pour la télévision japonaise, sont captivants. Ici, dans cette seconde partie, le rôle d’Asako Adachi est davantage que le fantôme qui vient remuer le souvenir des jeunes filles devenues adultes: gracieuse et sensuelle, Kyôko Koizumi revient elle aussi sur son mystérieux passé de femme d’industriel.

Chaque partie de « Shokuzai » est accompagnée d’un thème musical, du compositeur Yusuke Hayashi, qui reflète l’univers de chaque personnage. Brillant polar du réalisateur de « Tokyo Sonata » et « Cure », tourné dans un Japon loin des grandes villes (les scènes à Tokyo sont vidées de leurs habitants), « Shokuzai » conquerra tous les adeptes des films noirs. Lent, esthétisant et glauque, Kiyoshi Kurosawa réussit une terrifiante œuvre qui s’enfonce dans les abîmes de la psychologie humaine.