Adresse: 32 avenue de l’Opéra à Paris (IIème arrondissement)
Nombre de salles: 1
Sur la majestueuse avenue de l’Opéra percée à la fin du XIXème siècle, une salle mythique de l’exploitation parisienne voit bientôt le jour en cette année 1932: le Ciné-Opéra. Ce cinéma est bâti en lieu et place de la salle des auditions Aeolian dans un espace relativement restreint qui nécessite la démolition de ses caves pour permettre la création d’un volume suffisant où sont créés un balcon au niveau du rez-de-chaussée et un orchestre au niveau inférieur. Un autre cinéma du boulevard des Capucines se nomme un temps – avant l’ouverture de la salle de l’avenue de l’Opéra – Ciné-Opéra pour devenir ensuite le Radio-Cité-Opéra puis le Festival.
La réalisation du Ciné-Opéra est confiée à l’architecte Auguste Bluysen qui érige sur les Grands boulevards cette même année 1932 le grandiose Grand Rex. La revue L’Architecture d’aujourd’hui dans son numéro de septembre 1933 commente les caractéristiques du Ciné-Opéra: « Les fauteuils sont répartis par 280 à l’orchestre et 20 au balcon. La longueur de projection est d’environ 25 mètres. Il y a deux sorties sur la rue Gaillon. L’entrée sur l’avenue de l’Opéra donne accès à la salle et à un bar situé en sous-sol, accompagné de petites salles de dégustation et accessible au public de la salle comme aux clients de passage de l’avenue. Le décor de la salle et de ses accès a été demandé en bleu. Tout y procède donc de ce désir. Les couloirs, escaliers et foyers sont en gros crépis teinté. La salle, plafonnée en voussure atmosphérique, a toutes ses parties vues en crépi teinté et elle donne avec ses quelques étoiles scintillantes, une petite illusion d’un ciel par une belle nuit. Une rampe à réflecteur-masque fait le tour du balcon et suffit à l’éclairage de ce petit ensemble. Le bar et ses petits coins sont habillés en bois verni coupé de bandes de glaces, gorges et rampes lumineuses, décor mural en fresque de fantaisie qui masque les déformations des locaux irréguliers ».
Ci-dessus: les plans de la salle Ciné-Opéra en 1932 avec le balcon et l’orchestre.
Ci-dessus: la façade du Ciné-Opéra en 1932 avec à l’affiche « Mata Hari » de George Fitzmaurice avec Greta Garbo.
Ci-dessus: la salle en 1932, vue depuis le balcon.
Le Ciné-Opéra, une salle d’exclusivité avec une affiche en version originale.
Le dimanche 23 octobre 1932 voit l’ouverture officielle du Ciné-Opéra avec au programme le film documentaire de Martin et Osa Johnson « Congorilla ». La direction de la salle est assurée par Louis Queyrel, un gage de qualité certain puisque ce dernier officie déjà au Bonaparte et aux Agriculteurs, cette dernière faisant figure dès les années 1920 de pionnière de l’Art et Essai avec Les Ursulines, le Studio 28, Le Vieux Colombier, le Panthéon et l’Oeil de Paris. Le quotidien L’homme libre dans son numéro du 28 octobre 1932 revient sur l’ouverture du Ciné-Opéra avec un article de Pierre Olam qui, entre autres, félicite la direction de ce nouveau cinéma d’offrir aux spectateurs un film documentaire et non pas une énième opérette: « Une nouvelle salle vient de naître qui est charmante. Le Ciné-Opéra est en effet un de ces cinémas dits « atmosphériques » qui donne aux spectateurs la belle illusion de n’être pas enfermés et dont le plafond bleu et voûté se constelle, quand la lumière s’éteint, d’une infinité d’étoiles d’or. Le génie des décorateurs modernes suppriment ainsi pour l’enchantement de nos yeux et de notre esprit, la borne hideuse des murs et des plafonds et il convient de saluer doublement ce miracle puisque c’est bien le monde entier qui accourt à notre appel dans les salles présumées obscures, puisque c’est bien un infini fascinant qui vient pondre des images sur l’écran merveilleux… »
La programmation est rapidement constituée de films en exclusivité à Paris au seul Ciné-Opéra comme « Marie, légende hongroise » de Paul Fejos avec Annabella le 23 décembre 1932 ou encore des productions étrangères, principalement américaines, présentées en version originale sous-titrées en combinaison avec les deux autres salles de Louis Queyrel, le Bonaparte et Les Agriculteurs. Ainsi est programmé le 10 mars 1933 « L’Île du docteur Moreau » d’Erle C. Kenton dans les trois salles du circuit. Incarné par Charles Laughton, le film à la frontière de l’horreur et de la science-fiction tient l’affiche durant neuf semaines tandis que la version française paraît au Paramount-Opéra le 28 juillet seulement.
Ci-dessus: « Congorilla » de Martin et Osa Johnson inaugure la salle du Ciné-Opéra.
Ci-dessus: « L’Île du docteur Moreau » d’Erle C. Kenton à l’affiche du Ciné-Opéra, du Bonaparte et des Agriculteurs.
Le grand succès de cette première période d’exploitation du Ciné-Opéra reste le film « La Maternelle » réalisé par Jean Benoit-Lévy et Marie Epstein avec Madeleine Renaud qui reste à l’affiche treize semaines à partir du 16 septembre 1933. Distribuée par la filiale française de Universal, cette production française ouvre la voie à d’autres films américains issus du studio comme « L’Homme invisible » de James Whale le 16 mars 1934 en combinaison avec le Bonaparte ou, exclusivement au Ciné-Opéra, « Le Chat noir » d’Edgar G. Ulmer avec Boris Karloff et Bela Lugosi le 31 août 1934 et « La Fiancée de Frankenstein » de James Whale le 7 juin 1935.
Des films qui marquent à jamais le Septième art sont à l’affiche du Ciné-Opéra, en combinaison avec Les Agriculteurs et le Bonaparte, comme « Madame Bovary » de Jean Renoir dès le 12 janvier 1934, « Liliom » de Fritz Lang le 27 avril 1934, « Angèle » de Marcel Pagnol avec Fernandel le 26 octobre 1934 durant seize semaines, « Toni » de Jean Renoir le 22 février 1935, « Crime et Châtiment » de Pierre Chenal avec Harry Baur le 26 juillet 1935 ou encore deux très grands succès des années 1930 « La Bandera » de Julien Duvivier le 20 septembre 1935 et « César » de Marcel Pagnol avec Raimu le 12 novembre 1936. Cette même année, le circuit des salles de Louis Queyrel s’enrichit d’une nouvel établissement située sur la prestigieuse avenue des Champs-Elysées, le cinéma César.
La société du fondateur du Ciné-Opéra fait faillite en 1939; Louis Queyrel laisse son siège à Marcel Thirriot. Quand la déclaration de la guerre est annoncée, le film de Jean Renoir « La Bête humaine » avec Jean Gabin, précédemment programmé au cinéma Madeleine, est à l’affiche du Ciné-Opéra. En ce début de guerre, la programmation de la salle est essentiellement tournée vers les productions des grands studios hollywoodiens. Durant l’Occupation allemande, Marcel Thirriot poursuit la programmation du Ciné-Opéra avec des films comme « Battement de cœur » de Henri Decoin avec Danielle Darrieux, qui sort d’une longue exclusivité au Madeleine puis d’une seconde exclusivité au Helder et qui tient au Ciné-Opéra sept semaines dès le 23 juillet 1941 avant d’être au fronton du Gaumont-Palace le 5 septembre.
Suivent également « La Piste du nord » de Jacques Feyder avec Michèle Morgan le 7 octobre 1942 pour quatre semaines, « Les Visiteurs du soir » de Marcel Carné avec Arletty et Jules Berry le 24 mars 1943 pour quatre semaines, « Lumière d’été » de Jean Grémillon avec Madeleine Renaud et Pierre Brasseur le 1er septembre 1943 pour trois semaines ou bien « Le Ciel est à vous » du même auteur et toujours avec Madeleine Renaud le 10 mai 1944 pour trois semaines.
Les années d’après-guerre donnent la part belle aux productions américaines invisibles durant l’Occupation, que ce soient des reprises ou des films inédits comme « Les Hauts de Hurlevent » de William Wyler programmé le 28 février 1945. Ce drame amoureux d‘après Emily Brontë et sorti en 1939 a vu son exploitation interrompue en zone occupée et ressort conjointement à l’affiche des cinémas Bonaparte, Cinépresse Champs-Elysées et Ciné-Opéra. Une autre reprise occupe l’écran du Ciné-Opéra le 9 mai 1945: « La Glorieuse Aventure » d’Henry Hathaway avec Gary Cooper tandis que des productions inédites sont annoncées comme « Chercheurs d’or » d’Edward Buzzell avec les Marx Brothers exploité en tandem avec le cinéma Lord Byron sur les Champs-Elysées. L’événement en cette fin de la décennie 1940 est la prolongation en exclusivité du film de H. C. Potter « Hellzapoppin » le 12 mars 1947 qui occupe l’affiche du Ciné-Opéra durant soixante semaines, après une première sortie au Lord Byron.
Ci-dessus: « Mademoiselle Julie » d’Alf Sjöberg en exclusivité le 28 juin 1951 au Vendôme.
Marcel Thirriot entreprend en 1951 la rénovation du Ciné-Opéra effectuée sous la direction de l’architecte Edouard Lardillier. La Cinématographie française revient sur les transformations de la salle de l’avenue de l’Opéra: « L’architecte a minutieusement gagné du volume, écarté les fauteuils, redressé et aménagé les accès de cette petite salle de 450 places. Fauteuils grenat de Gallay, moquette grenat sur tous les sols, tons muraux clairs, cadre de scène, console, tours de glaces dorés à la feuille, large bar, petits foyers à vitrine succédant au hall, clos de porte transparentes en sécurit plein. Le rideau en « retroussé » de satin s’ouvrira pour des films de belle classe, dignes de sa très parisienne clientèle« .
1951: le Ciné-Opéra devient le Vendôme, classé Art et Essai.
Révélé à Cannes et lauréat du Grand Prix, le film « Mademoiselle Julie » d’Alf Sjöberg, joué en exclusivité, inaugure le 28 juin 1951 la nouvelle salle. C’est à cette même date que le Ciné-Opéra change d’enseigne et devient le cinéma Vendôme. François Thirriot commente le choix de programmation du nouveau Vendôme dans l’ouvrage Figures des salles obscures de Samra Bonvoison, Claude Forest et Hélène Valmary: « Nous avons été dans l’esprit Art et Essai « avant l’heure ». Le Vendôme n’était pas une grande salle; elle n’aurait pu accueillir des films grand public; elle se situait loin des Champs-Elysées ou des Grands Boulevards; or ces cinémas drainaient énormément de spectateurs. Le choix de l’Art et Essai permettait de se démarquer ». Le Vendôme est, parmi vingt-quatre cinémas, répertorié salle Art et Essai dès le 9 janvier 1962, date de la première commission de classement.
Ci-dessus: la façade du Vendôme avec à l’affiche depuis le 14 septembre 1960 « L’Avventura » d’Antonioni.
Ci-dessus: la salle rénovée du Vendôme en 1967.
L’audace est certainement la marque de fabrique du Vendôme en proposant des films différents de ce qu’on peut trouver dans d’autres salles et, pour les distribuer, la création d’une société de distribution Hermès-Films afin d’alimenter les salles du Vendôme et du Bonaparte. La liste des auteurs que le Vendôme a révélés, en duo avec le Studio-Publicis et l’Avenue, est impressionnante. Citons, de manière non exhaustive, l’espagnol Luis Buñuel avec « Los Olvidados » le 14 novembre 1951, « La Montée au ciel » le 20 août 1952, « Les Hauts de Hurlevent » le 11 mars 1953, « Tourments » distribué par Hermès le 2 juin 1954, « Les Aventures de Robinson Crusoé » le 27 août 1954, « La Jeune fille » le 5 juillet 1961. Ou encore le japonais Akira Kurosawa avec « Rashōmon » le 16 avril 1952, le suédois Ingmar Bergman avec « Monika » le 14 mai 1954, « Les Fraises sauvages » le 17 avril 1959, « Le Visage » le 30 septembre 1959, « La Source » le 7 décembre 1960, « L’Œil du diable » le 20 décembre 1961, « A Travers le miroir » le 5 septembre 1962, « Persona » le 5 juillet 1967, « La Honte » le 30 avril 1969, « Une Passion » le 4 septembre 1970, « Cris et chuchotements » le 20 septembre 1973, « La Flûte enchantée » le 19 novembre 1975 ou « Face à face » le 8 septembre 1976. L’italien Federico Fellini a aussi sa place au Vendôme avec « Les Nuits de Cabiria » le 16 octobre 1957, « Huit et demi » le 29 mai 1963, « Juliette des esprits » le 22 octobre 1965. Au sujet de la sortie de « La Strada » le 11 mars 1955, François Thirriot dans Figures des salles obscures témoigne: « Nous avons passé « La Strada » , loué à 40% parce que le film n’avait pas marché en Italie. A la première séance de 14h, une grande file d’attente s’étendait devant le cinéma…«
Du côté des cinéastes français, Louis Malle cumule dès le 5 novembre 1958 114.130 entrées au seul Vendôme avec « Les Amants ». L’écran du Vendôme accueille également Alain Resnais avec « Hiroshima mon amour » le 10 juin 1959 en tandem avec le George-V des Champs-Elysées et « L’Année dernière à Marienbad » le 29 septembre 1961. L’italien Michelangelo Antonioni voit l’affiche de « L’Avventura » le 14 septembre 1960 et de « La Nuit » le 22 février 1961 à l’affiche du cinéma, de même que les deux incarnations de la Nouvelle vague: Jean-Luc Godard avec « Une Femme est une femme » le 6 septembre 1961, « Le Mépris » le 20 décembre 1963, « Masculin féminin » le 27 avril 1966 et « Week-end » le 29 décembre 1967; François Truffaut avec « Jules et Jim » le 24 janvier 1962 et « Fahrenheit 451 » le 16 septembre 1966.
Ci-dessus: « Rashômon » d’Akira Kurosawa sort au Vendôme le 16 avril 1952.
Ci-dessus: « La Strada » de Federico Fellini’ sort au Vendôme le 11 mars 1955.
Ci-dessus: « LOeil du diable » d’Ingmar Bergman sort au Vendôme et au Publicis le 20 décembre 1961.
Ci-dessus: « Jules et Jim » de François Truffaut au Vendôme et au Studio-Publicis le 24 janvier 1962.
Devenus de grands classiques du cinéma mondial, ils ont bénéficié d’une première exclusivité au Vendôme: ce sont « Umberto D. » de Vittorio De Sica le 8 octobre 1952, « L’Homme tranquille » de John Ford le 29 octobre 1952, « Le Filet » d’Emilio Fernández le 4 novembre 1953, « La Porte de l’enfer » de Teinosuke Kinugasa le 25 juin 1954, « Mort d’un cycliste » de Juan Antonio Bardem le 7 septembre 1955, « Nuits blanches » de Luchino Visconti le 7 mai 1958, « Quand passent les cigognes » de Mikhaïl Kalatozov le 11 juin 1959 en combinaison avec le George-V, « Moderato cantabile » de Peter Brook le 25 mai 1960, « Cléo de 5 à 7 » d’Agnès Varda le 11 avril 1962, « Eva » de Joseph Losey le 3 octobre 1962, « Le Procès » d’Orson Welles le 22 décembre 1962, « La Baie des Anges » de Jacques Demy le 1er mars 1963, « Répulsion » de Roman Polanski le 7 janvier 1966 ou encore « Le Vieil Homme et l’Enfant » de Claude Berri le 10 mars 1967.
Ci-dessus: « Les Parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy le 28 février 1964 aux Publicis, Vendôme et Publicis-Orly.
Ci-dessus: « Juliette des esprits » de Federico Fellini le 22 octobre 1965 aux Publicis Champs-Elysées, Publicis Saint-Germain et Vendôme.
Ci-dessus: « La Honte » d’Ingmar Bergman le 30 avril 1969 aux Publicis Champs-Elysées, Publicis Saint-Germain et Vendôme.
Ci-dessus: « La Party » de Blake Edwards le 13 août 1969 aux Publicis Champs-Elysées, Publicis Saint-Germain, Paramount-Montparnasse et Vendôme.
En 1967, la société Radio-Cinés prévoit nouvelle rénovation du Vendôme confiée à l’architecte spécialiste des salles de cinéma Georges Peynet. Le Film français revient sur ces transformations de la seule salle implantée avenue de l’Opéra: « Cette salle d’un volume assez allongé avait besoin d’être « gonflée » en largeur. C’est pourquoi, l’architecte, après démolition des cloisons latérales a disposé des pilastres de bois en applique sur l’ossature métallique soutenant la couverture. Les murs latéraux entre ces pilastres, sont tendus de tissus Rhovyl de couleur pêche. Le rideau a un mouvement en plein cintre. Il est de la même teinte que les murs. Le fond de la salle, les soubassements et le devant de scène sont recouverts de moquette vieil or et le sol d’une moquette à dessins originaux, verte et noire. Les fauteuils recouverts de Laronyl de teinte vieil or, tranchent sur les teintes sombres de la moquette du sol. Les sources lumineuses éclairant les tentures, sont masquées dans des socles disposés entre les pilastres. Un même éclairage, par rampe, a été disposé pour le rideau de scène. Cet effet d’éclairage a été retenu pour accentuer l’effet d’élargissement de la salle. La cabine a été radicalement transformée par l’adjonction de locaux des combles désaffectés. Les foyers de dégagement ont été rénovés. Les luminaires de la salle ont été remplacés par des appliques de cristal et de cuivre; de même dans les foyers et dégagements. Ces travaux ainsi réalisés, cette salle y a gagné en confort et en préciosité, comme il convient au meilleur cinéma de l’avenue de l’Opéra ».
Le Vendôme, une salle spécialisée dans le film d’opéra.
Les années 1970 voient fleurir un nombre important de salles qui s’ouvrent sur la Rive gauche privant ainsi le Vendôme d’une situation jusqu’alors privilégiée pour les sorties exclusives de films prestigieux, en tandem avec le Studio-Publicis ou bien l’Avenue. Les films sortent désormais dans une plus large combinaison de salles parisiennes, d’autant que le Vendôme ne peut être transformé en complexe multisalles. Alors que le Vendôme rencontre des difficultés pour obtenir des films dignes de sa salle, le succès de « La Flûte enchantée » d’Ingmar Bergman, qui reste vingt-sept semaines à l’affiche, fait naître l’idée d’une programmation de films d’opéra. L’historique maison Gaumont, avec à sa tête le mélomane et passionné du cinéma Daniel Toscan du Plantier, produit régulièrement de prestigieux films d’opéra. L’occasion pour le Vendôme-Opéra, équipé en Dolby-Stéréo, d’obtenir l’assurance de les programmer.
Ci-dessus: Les Noces de Figaro de Jean-Pierre Ponnelle projeté en reprise à Paris en 1984 au seul Vendôme-Opéra.
Le Vendôme-Opéra inaugure le 23 février 1983 sa spécificité unique en France avec « La Traviata » de Franco Zeffirelli qui tient l’affiche durant quarante-trois semaines avec une moyenne de 2.609 entrées par semaine. Suivent « Le Bal » d’Ettore Scola le 21 décembre 1983, « Carmen » de Francesco Rosi le 14 mars 1984 durant trente-trois semaines puis « Amadeus » de Milos Forman le 31 octobre 1984 durant cinquante-deux semaines.
Lorsque le départ de Daniel Toscan du Plantier de la Gaumont est annoncé, le directeur du Vendôme-Opéra Jean-Paul Thirriot exprime son inquiétude sur l’avenir de sa salle, d’autant que les importants moyens publicitaires de la Gaumont pour la promotion cessent. La société Radio-Cinés reprend la distribution des films au Vendôme-Opéra, mais la salle entame son inexorable déclin avant sa fermeture six ans plus tard. François Thirriot aborde dans Figures des salles obscures la fin de l’aventure de la salle de l’avenue de l’Opéra: « Nous avons souffert à la fois d’un énorme problème d’accès aux films et d’une surenchère dans les loyers à chaque renouvellement de bail que ce soit au Vendôme ou au Bonaparte (…) Cette configuration du marché nous a obligé à renoncer à la poursuite de l’activité de ces deux salles ».
Le lendemain du 3 mars 1991, le Vendôme-Opéra ne rouvre plus son rideau. Pour plusieurs générations de cinéphiles, la famille Thirriot avec son emblématique cinéma Vendôme a œuvré pour la promotion du cinéma d’auteur. En transmettant la passion du Septième art.
Remerciements: M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Le Film français, L’Architecture d’aujourd’hui, France-Soir et Gallica-BnF.
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