Adresse: 14 boulevard de la Madeleine à Paris (VIIIème arrondissement)
Nombre de salles: 1
Un des grands cinémas d’exclusivités de la capitale, inauguré pendant l’entre-deux guerre, fera découvrir aux spectateurs parisiens les chefs d’œuvres que sont devenus « La Bête humaine », « Le Jour se lève » ou « Les Enfants du paradis ». Cette salle de cinéma, aujourd’hui fermée mais restée dans les mémoires de la cinéphilie, c’est le Madeleine-Cinéma.
La salle, créée à l’initiative d’Edmond Benoît-Levy et de Guegan, est l’oeuvre de l’architecte Marcel Oudin – à l’origine de l’Artistic-Pathé, de l’Ornano et de l’American-Cinéma – qui conçoit l’un des cinémas les plus prestigieux de la capitale. Alors que l’ouverture de la salle est annoncée pour le 12 février 1921, la direction fait savoir dans les colonnes du quotidien Le Journal qu’elle « se voit obliger de retarder encore de quelques jours sa première. La direction, tenant dès le jour de l’ouverture à ce que son public obtienne tout le confort possible, que le plus petit détail ne puisse être critiqué, préfère par une mise au point rigoureuse, présenter la salle, la scène, l’écran et programme dans le cadre impeccable qu’elle s’est imposée ».
Ci-dessus: pavé de presse annonçant le premier programme du cinéma Madeleine à partir du 25 mars 1921.
Ci-dessus: la salle du cinéma Madeleine en 1921.
L’arrivée d’un nouveau cinéma dans le quartier de la Madeleine est beaucoup évoquée dans la presse. Le Populaire, daté du 2 février 1921, l’annonce dans ses colonnes: « Une nouvelle salle, le Madeleine-Cinéma, va s’ouvrir Boulevard de la Madeleine. On y promet les meilleurs films de la production mondiale, et chaque vendredi sera donnée une sorte de revue chantée « Carnet d’Aristophane ». Voici le commencement du journal parlé qui remplacera peut-être un jour l’imprimé ».
Shahram Abadie, dans l’ouvrage « Architecture des salles obscures. Paris, 1907-1939 » publié par l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma, évoque l’implantation des nouvelles salles à cette période: « Parmi toutes les façades de cette époque, celle du Madeleine-Cinéma signée Marcel Oudin est l’une des plus intéressantes. A première vue d’aspect banal – une batterie de portes vitrées au rez-de-chaussée d’un immeuble d’appartements – elle se singularise cependant par une grande marquise translucide d’ossature, non comme ordinaire métallique, mais en béton armée, et par une enseigne lumineuse: le nom de l’établissement en lettres majuscules composées d’ampoules électriques. Cette superposition de quatre éléments principaux – la verrière, le panneau d’affichage, la marquise et l’enseigne – caractérisera la façade typique des cinémas dans les années 1930, lorsque dominera le type de salle intégrée dans un immeuble de bureaux ou de logements ».
Le journal L’Excelsior du 25 mars 1921 revient quant à lui sur la première soirée du Madeleine-Cinéma qui a lieu le jour précédent: « Le première représentation privée d’hier a été un triomphe. L’exquise décoration de la salle a rallié tous les suffrages et fait l’admiration d’un public sélect ». De son côté le journal La Scène, dans son numéro du 2 avril 1921, évoque lui aussi le Madeleine mais tique sur sa programmation: « C’est un établissement qui devra son succès à son emplacement merveilleux. Situé sur le Boulevard à quelques mètres de la Madeleine il aimantera tous les dîneurs de ce plein centre et aussi les spectateurs des quartiers plus éloignés qui ont tous à leur disposition un moyen de communication facile et rapide pour aller à l’Opéra ou à la Madeleine. Peut-être aussi le succès de cet établissement sera-t-il dû aux programmes à venir car vraiment celui d’ouverture était quelconque. Et puis que diable, un établissement français devrait ouvrir avec un spectacle composé plus judicieusement. Toujours de l’américain. Non vraiment, c’est excessif. Il a été présenté, ces temps derniers, suffisamment de beaux films français. Le directeur du Madeleine-Cinéma n’avait que l’embarras du choix. Il faut, d’autre part, féliciter l’orchestre Lachaume, tout à fait remarquable. Voilà une excellente recrue. Nous avons donc pu, à défaut de bandes sensationnelles, écouter les sélections musicales choisies avec un goût parfait par cet excellent chef d’orchestre ».
Le premier programme du Madeleine-Cinéma est composé du muet « La Petite Vivandière » de William Desmond Taylor avec pour interprète la pétillante Mary Pickford, accompagné du film « Les Loups de la nuit – Wolves of the Night » de Bruce Andrews avec William Farnum et enfin de la revue satyrique Messageries Cinéma… Ritimes. Le quintette d’Aimé Lachaume accompagne ce programme inaugural. Le 29 décembre 1921, le quotidien La Presse converse avec le chef d’orchestre du Madeleine-Cinéma, Aimé Lachaume, dans le cadre d’un reportage sur la musique accompagnant la projection des films: « La façon dont on monte un film prouve assez l’absolu mépris que professe le cinéma pour la musique. Pourtant, lorsque nous jouons une symphonie sur un film c’est une concession que la Musique fait au Cinéma, car la symphonie constitue un tout qui se suffit à soi-même, tandis que le cinéma, sans musique, est inexistant. Je ne prétends pas par là que la Musique doive prendre le pas sur le Cinéma. Elle doit à mon avis, être un accompagnement, créer une atmosphère. Le public subit la musique plutôt qu’il ne l’entend, il l’entend d’autant moins que l’action est plus prenante ». Aimé Lachaume anticipe déjà la généralisation de la musique créée pour le film.
La programmation du Madeleine privilégie généralement les films en exclusivité parisienne, ou en exclusivité avec le cinéma Max Linder ou l’Omnia-Pathé, pour une durée d’une semaine à l’affiche. La presse parisienne met en avant les grandes sorties du Madeleine ou parfois juste une actualité importante comme c’est le cas avec la projection exclusive des images du match de boxe opposant Jack Dempsey contre Georges Carpentier le 12 août 1921. C’est avec la sortie de « L’Atlantide » de Jacques Feyder que le Madeleine entame une nouvelle ère où les exclusivités sont à l’affiche plusieurs semaines. Le film, adapté du roman de Pierre Benoit, sort la première fois à Paris au Gaumont-Palace le 30 septembre 1921 et y reste deux semaines à l’affiche. Le 14 octobre 1921, « L’Atlantide » arrive au Madeleine et tient l’affiche en exclusivité durant vingt-quatre semaines. Par la suite, la salle accueille « J’accuse » d’Abel Gance à partir du 28 avril 1922 puis « Les Trois lumières » de Fritz Lang à partir du 16 juin 1922 pour six semaines.
Le 27 février 1923, le Comité d’union contre le péril vénérien organise dans la salle du Madeleine-Cinéma une réunion en présence de M. Paul Strauss, ministre de l’hygiène. On y présente le film « Une Maladie sociale, la syphilis ! Comment elle peut disparaître ». La presse médicale découvre alors la vertu éducative du cinéma « en vue d’instruire le grand public de ce qu’il a besoin de connaître en matière de prophylaxie antivénérienne ».
C’est en 1923 que la Société des Etablissements Gaumont prend la direction du Madeleine. Le 2 février de cette année, on annonce: « Le Madeleine-Cinéma affiche cette semaine, en exclusivité avec le Gaumont-Palace, « Don Juan et Faust » l’œuvre grandiose du jeune maître Marcel L’Herbier, le romantique poète, créateur féerique d’images vivantes et pittoresques, animateur d’idées. Aimé Lachaume orne d’arabesques orchestrales choisies la vision enchanteresse de ce beau film français ».
« La Roue », « L’Inhumaine » et « Ben-Hur » en exclusivité au cinéma Madeleine.
L’événement en cette année 1923 est la sortie en exclusivité au Madeleine des quatre chapitres de « La Roue » d’Abel Gance. Le 16 février, on peut ainsi lire dans la presse que « Le Madeleine-Cinéma doit à son élégante et distinguée clientèle la primeur des plus beaux films; fidèle à ce principe, il présente cette semaine « La Roue », l’œuvre puissante d’Abel Gance, interprété par le grand artiste Séverin-Mars. L’œuvre accompagnée de la partition orchestrale d’Aimé Lachaume, forme un spectacle d’Art digne des connaisseurs habitués du plus sélect établissement des Boulevards ».
Le deuxième chapitre de « La Roue », intitulé « La Tragédie de Sisif » sort le 2 mars au Madeleine avec en complément « Charlot soldat », « redemandé par les spectateurs ». Quant au troisième chapitre « La Course à l’abîme », il occupe l’écran le 16 mars avec « Une Vie de chien » de Charlie Chaplin. Enfin, le quatrième et dernier chapitre, « Symphonie blanche », paraît le 30 mars accompagné d’un film religieux proposé pour les fêtes de Pâques, « La rédemption de Marie-Madeleine » de Godofredo Mateldi et Carmine Gallone.
Le 21 décembre 1923, la Paramount – qui n’a pas encore ouvert son cinéma du boulevard des Capucines – sort en exclusivité au Madeleine une de ses productions, « La Caravane vers l’Ouest » de James Cruze qui conte le voyage de pionniers traversant les Etats-Unis. Immense succès en France, le film reste quatorze semaines à l’affiche du Madeleine. Il est bientôt suivi d’une nouvelle production Paramount, « La Danseuse Espagnole » d’Herbert Brenon avec deux des plus grandes stars de l’époque: Pola Negri et Adolphe Menjou. « Scaramouche » réalisé et produit par Rex Ingram et interprété par Ramón Novarro a les faveurs de l’écran du Madeleine pendant sept semaines – dès le 5 septembre 1924 – avant de s’installer dans l’immense salle du Gaumont-Palace le 21 novembre de la même année.
Pour honorer la mémoire de l’écrivain d’Anatole France décédé le 12 octobre 1924, le Madeleine affiche la semaine du 24 octobre 1924 deux adaptations de ses œuvres maîtresses, « Crainquebille » de Jacques Feyder avec Maurice de Féraudy dans le rôle-titre et « Le Lys rouge » de Charles Maudru avant d’enchaîner le 31 octobre 1924 avec l’exclusivité « Les Lois de l’hospitalité« , co-réalisé par Buster Keaton et John G. Blystone et évidemment interprété par « l’homme qui ne rit jamais ».
L’événement de l’année 1924 reste, à partir du 3 décembre, la présentation durant « une seule semaine de gala » du film de Marcel L’Herbier « L’Inhumaine ». Ce film, qui réunit les plus grands artistes en cette période de l’Art Déco – Robert Mallet-Stevens, Paul Poiret, Darius Milhaud, Fernand Léger, etc., est repris au Madeleine pendant trois semaines à partir du 17 juillet 1925.
Ci-dessus: « Les Roses noires » à l’affiche du Madeleine la semaine du 7 septembre 1923.
Ci-dessus: « L’Inhumaine » de Marcel L’Herbier, en exclusivité au Madeleine.
Ci-dessus: « L’Inhumaine » de Marcel L’Herbier à l’affiche du Madeleine le 3 décembre 1924 pour une semaine.
Le studio Metro-Goldwyn, que Louis B. Mayer n’a pas encore rejoint à cette date, cherche à s’imposer sur le marché européen. Pour ce faire, il signe en 1924 un contrat de distribution avec la Société des Etablissements Gaumont (S.E.G.) qui donne naissance en 1925 à la création de la Gaumont-Metro-Goldwyn: avec cet accord, les salles du circuit Gaumont sont affermées dès le 31 août 1925 pour une durée de cinq ans à la Loew-Metro-Goldwyn. « La Croisière du Navigator » de Buster Keaton et Donald Crisp inaugure à partir du 18 septembre 1925 cette période de partenariat qui voit de nombreux films du studio américain occuper l’écran du Madeleine dont la direction est assurée par Jean Mounier, nommé par la M.G.M.. « Larmes de clown » de Victor Sjöström y est projeté le 23 octobre 1925, « Les Fiancées en folie » de Buster Keaton le 19 février 1926, « Les Cadets de la mer » de Christy Cabanne avec Ramón Novarro le 25 juin 1926, « La Veuve joyeuse » d’Erich von Stroheim avec Mae Murray et John Gilbert le 1er octobre 1926, « Ma Vache et moi » de Buster Keaton le 29 octobre 1926 ou l’immense succès de « La Grande parade » de King Vidor avec John Gilbert et Renée Adorée à partir du 3 décembre 1929 pour douze semaines d’exclusivité. Tous ces films bénéficient d’une sortie au Gaumont-Palace après avoir eu les honneurs de la salle du Madeleine.
Ci-dessus: « La Croisière du Navigator (The Navigator) » de Buster Keaton et Donald Crisp à l’affiche du Madeleine le 18 septembre 1925.
Les grandes stars de la M.G.M. sont liées au Madeleine grâce à une campagne de publicité sans précédent. Mais parmi elles, une est particulièrement populaire en cette seconde partie des années 1920, Ramón Novarro (1899-1968) dont on annonce la sortie exclusive de « Ben-Hur » réalisé par Fred Niblo au Madeleine-Cinéma à partir du 27 avril 1927.
Le succès de « Ben-Hur » est inédit. Lors de sa sortie générale, la M.G.M. communique les résultats du box-office: du 27 avril 1927 au 18 septembre 1928, 612.137 spectateurs ont assisté à la projection de « Ben-Hur » au seul Madeleine qui encaisse alors la somme de 11.939.595 francs pour une salle qui comporte alors 832 fauteuils. Le quotidien L’Homme libre précise que « 3.690.864 francs 30 sont allés à l’Etat et à l’assistance ». Preuve du succès de cette version muette adaptée du roman de Lew Wallace, la M.G.M. indique que « quatre copies seulement ont été nécessaire pour les 6.087 représentations données à la Madeleine ». La major, dont le célèbre Leo le lion est l’emblème, précise que « les frais de publicité pour le lancement de « Ben-Hur » à la Madeleine n’ont été en aucune façon supérieurs aux autres films précédant celui-ci à la Madeleine » et pour clore informe que, « à la demande du Président de la République (Gaston Doumergue), le film a été montré à l’Elysée le 31 décembre 1927 ». Toutes ces informations sont reprises lors de la sortie générale dans d’autres salles après son exclusivité au Madeleine, la publicité dans les journaux de province soulignant « le triomphe du Madeleine-Cinéma » de « Ben-Hur » .
Le quotidien Le Peuple réagit aux tarifs pratiqués par le cinéma d’exclusivité avant que le film soit diffusé en sortie générale dans d’autres salles, à des tarifs forcément moindres. C’est par la plume du journaliste Fred Eric dans le numéro du 11 novembre 1927 que la pique contre le Madeleine est exercée: « Ben-Hur devant quitter prochainement le palais aux prix prohibitifs du Madeleine-Cinéma, pour enfin se démocratiser, nous avons réservé pour cette occasion notre analyse du film ou plus exactement, notre critique ».
L’arrivée du cinéma parlant au Madeleine avec les productions de la Metro-Goldwyn-Mayer.
La sonorisation des films arrive à grands pas: le 16 novembre 1928 sort au Madeleine « Ombres blanches » réalisé par W. S. Van Dyke et Robert J. Flaherty, tourné en Polynésie française, que le service publicitaire de la M.G.M. qualifie de « film sonore parfait », précédé de « quelques sujets sonores ». Alors que le cinéma parlant débarque à Paris, et plus précisément dans la salle de l’Aubert-Palace dès le 25 janvier 1929 avec « Le Chanteur de jazz » d’Alan Crosland, le Madeleine-Cinéma affiche encore du cinéma muet issu de la M.G.M. dont, le 29 mars 1929, « Les Nouvelles vierges » de Harry Beaumont avec l’envoûtante Joan Crawford et, le 2 août 1929 pour treize semaines, « Le Figurant » co-réalisé par Edward Sedgwick et Buster Keaton.
Les films parlants de la M.G.M. sont mis en chantier dès la fin 1928 et arrivent en France l’année suivante: « Broadway Melody » de Harry Beaumont, le premier long métrage entièrement sonore, est affiché au Madeleine dès le 1er novembre 1929 pour dix semaines alors que « Le Chanteur de jazz » entame sa quarante-et-unième semaine d’exclusivité à l’Aubert-Palace.
Le 9 mai 1930, le Madeleine-Cinéma rénové et embelli rouvre ses portes avec « Le Spectre vert », le premier film parlant de Jacques Feyder co-réalisé avec Lionel Barrymore, pour lequel la M.G.M. met en avant un film « 100% parlant français et tourné en Amérique ». Ce film est un succès et reste dix-sept semaines en exclusivité. Le 30 octobre 1930, la Metro-Goldwyn-Mayer offre au Madeleine un grand gala au bénéfice de la Maison des journalistes et de la presse parlementaire. Au programme, la première du film de Jacques Feyder « Si l’Empereur savait ça » avec André Luguet et Françoise Rosay.
La Metro-Goldwyn-Mayer envoie en Europe plusieurs de ses stars afin de promouvoir ses productions: Ramón Novarro débarque à Paris pour la sortie, le 21 février 1931, du film dont il assure la réalisation avec Yvan Noé « Le Chanteur de Séville » où il chante en français. Stan Laurel et Oliver Hardy font également le voyage à Paris en 1932.
Parmi les films de la Metro-Goldwyn-Mayer sortis en exclusivité au Madeleine, on trouve « Trader Horn » réalisé par W. S. Van Dyke le 4 septembre 1931, « Les Titans du ciel » de George W. Hill avec Clark Gable le 15 avril 1932, « Tarzan, l’homme singe » de W. S. Van Dyke le 26 août 1932, « Grand Hotel » d’Edmund Goulding avec Joan Crawford et Greta Garbo le 27 janvier 1933, « Eskimo » de W. S. Van Dyke avec Ray Wise et Lotus Long le 9 février 1934, « Les Compagnons de la nouba » de William A. Seiter avec Laurel et Hardy le 8 juin 1934, « Viva Villa ! » de Jack Conway avec Wallace Beery le 17 août 1934 et « La Veuve joyeuse » d’Ernst Lubitsch dans une version tournée en français parallèlement à la version américaine, avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald le 24 janvier 1935.
Ci-dessus: « Big House » de George W. Hill et Paul Fejos avec Charles Boyer, André Berley, André Burgere et Mona Goya au Madeleine le 22 mai 1931.
Ci-dessus: « Buster millionnaire – Sidewalks of New York » de Jules White et Zion Myers avec Buster Keaton et Anita Page au Madeleine le 3 juin 1932.
Ci-dessus: Arsène Lupin de Jack Conway avec John Barrymore, Lionel Barrymore et Karen Morley à l’affiche du Madeleine le 30 novembre 1932.
Ci-dessus: « Grand Hotel » d’Edmund Goulding avec Greta Garbo, Joan Crawford, John Barrymore, Lionel Barrymore et Wallace Berry à l’affiche du Madeleine le 27 janvier 1933.
Ci-dessus: la version tournée en français d’Ernst Lubitsch « La Veuve joyeuse » avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald au Madeleine le 24 janvier 1935.
Le Madeleine rejoint le circuit des salles Gaumont.
En 1935, la société Madeleine-Cinéma reprend l’exploitation de son site alors que la Metro-Goldwyn-Mayer s’installe dans la salle du cinéma Olympia, à quelques mètres de là. C’est le 5 septembre 1935 avec la sortie du film de Victor Tourjansky « Les Yeux noirs » avec Harry Baur que le Madeleine rejoint le circuit de la Gaumont Franco-Film Aubert (G.F.F.A.): la salle devient ainsi la salle de prestige du circuit consacrée aux productions françaises. Se succèdent des films comme « Veille d’armes » de Marcel L’Herbier avec Annabella et Pierre Renoir le 15 décembre 1935, « Club de femmes » de Jacques Deval avec Danielle Darrieux, Betty Stockfeld, Valentine Tessier, Josette Day et Junie Astor le 23 mai 1936, « Jenny » de Marcel Carné le 16 septembre 1936, « Nitchevo » de Jacques de Baroncelli avec Harry Baur le 17 décembre 1936, « Abus de confiance » de Henri Decoin avec Danielle Darrieux et Jean Marais le 29 novembre 1937 ou « L’Étrange Monsieur Victor » de Jean Grémillon avec Raimu le 6 mai 1938 programmé conjointement avec le Cinéma des Champs-Elysées.
A partir du 1er août 1938 est fondée la Société Nouvelle des Etablissements Gaumont (S.N.E.G.) qui se concentre sur l’exploitation du parc des salles. Le Madeleine, qui fait partie du circuit Gaumont, rencontre des succès considérables avec « La Maison du Maltais » de Pierre Chenal avec Louis Jouvet et Viviane Romance le 23 septembre 1938, « La Bête humaine » de Jean Renoir avec Jean Gabin et Simone Simon le 22 décembre 1938, puis en 1939 « La Fin du jour » de Julien Duvivier avec Louis Jouvet et Michel Simon le 24 mars 1939 et enfin « Le Jour se lève » de Marcel Carné avec Jean Gabin, Arletty et Jules Berry dès le 9 juin 1939. C’est ce dernier film qui est à l’affiche du Madeleine lorsque la France entre en guerre.
Ci-dessus: « Le Joueur d’échecs » de Jean Dréville avec Françoise Rosay et Conrad Veidt au Madeleine le 25 novembre 1938.
Ci-dessus: la production de Robert et Raymond Hakim « La Bête humaine » de Jean Renoir avec Jean Gabin et Simone Simon au Madeleine le 22 décembre 1938.
Ci-dessus: « L’Enfer des anges » de Christian-Jaque avec Louise Carletti et Jean Claudio à l’affiche du Madeleine le 14 février 1941.
Ci-dessus: « La Fille du puisatier » de Marcel Pagnol avec Raimu et Fernandel au Gaumont Madeleine le 23 avril 1941.
Ci-dessus: « Les Visiteurs du soir » de Marcel Carné avec Jules Berry et Arletty aux cinémas Madeleine et Lord Byron le 4 décembre 1942.
Après la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, le Madeleine ne rouvre ses portes que le 2 février 1940 avec « Battement de cœur » de Henri Decoin. Lorsque les troupes allemandes arrivent à Paris le 14 juin 1940, le grand succès interprété par Danielle Darrieux, en exclusivité dans la capitale au seul Madeleine, occupe l’affiche de la salle depuis dix-neuf semaines. La capitale occupée, la salle est rouverte deux mois plus tard, le 14 août, avec les prolongations d’exclusivité de « Pièges » de Robert Siodmak avec Erich Von Stroheim et Maurice Chevalier. Les films dont le cinéma s’assure l’exclusivité durant l’Occupation rencontrent un beau succès. Parmi eux, citons « Angelica » de Jean Choux avec Viviane Romance le 26 septembre 1940, « L’Enfer des anges » de Christian-Jaque avec Louise Carletti le 13 février 1941, « La Fille du puisatier » de Marcel Pagnol avec Raimu, Fernandel et Josette Day le 24 avril 1941, « Cartacalha, reine des gitans » de Léon Mathot avec Viviane Romance le 21 janvier 1942, « La Piste du nord » de Jacques Feyder avec Michèle Morgan et Pierre Richard-Willm le 7 mars 1942, « Le Lit à colonnes » de Roland Tual avec Jean Marais le 8 juillet 1942, « Les Visiteurs du soir » de Marcel Carné avec Arletty et Jules Berry en double exclusivité avec le cinéma Lord Byron le 5 décembre 1942 – une oeuvre qui reste dix-neuf semaines au Madeleine, « Goupi Mains Rouges » de Jacques Becker avec Fernand Ledoux et Robert Le Vigan le 14 avril 1943, « Le Capitaine Fracasse » d’Abel Gance avec Fernand Gravey le 19 juin 1943 ou « Le Ciel est à vous » de Jean Grémillon avec Madeleine Renaud le 2 février 1944.
Pour la sortie du film réalisé par Marcel Carné et scénarisé par Jacques Prévert « Les Enfants du paradis », son producteur Pathé-Cinéma choisit deux salles Gaumont pour la sortie du film le 15 mars 1945: le prestigieux cinéma Colisée sur les Champs-Elysées et le Madeleine. Au regard de la durée du film, la S.N.E.G. décide de sortir une époque au Colisée et l’autre au Madeleine. Marcel Carné relate plus tard dans le documentaire « Parlons Cinéma » de l’O.R.T.F. son opposition à ce type de sortie: il avait demandé une clause au contrat spécifiant que l’exclusivité proposerait les deux parties au cours de la même séance, avec un entracte entre les deux époques. Mais le contrat qu’il signe avec les productions André Paulvé n’est plus valide, Pathé ayant repris le film en cours de production. Marcel Carné, qui obtient gain de cause, se bat alors pour que l’exclusivité se déroule en une séance. Finalement, trois séances quotidiennes sont ainsi proposées au Colisée et au Madeleine avec une location ouverte pour la séance du soir. Malgré les réticences de la S.N.E.G. et une critique mitigée, « Les Enfants du paradis » obtient un grand succès public.
Après trente-huit semaines d’exploitation au Madeleine, « Les Enfants du paradis » laisse la place le 19 décembre 1945 à « Lady Hamilton » d’Alexander Korda. Le cinéaste menace alors la société Gaumont, avec laquelle il a signé un accord pour l’exploitation de son film au Madeleine, réticente de changer l’affiche à succès du Madeleine pour le film de Korda. « Les Enfants du paradis » reste ainsi trente-huit semaines au Madeleine contre quarante-cinq au Colisée. Quant au film réalisé par Alexander Korda et interprété par Laurence Olivier et Vivien Leigh, il reste seize semaines au seul Madeleine.
Ci-dessus: « Les Enfants du paradis » de Marcel Carné sort au Madeleine et au Colisée le 15 mars 1945.
Ci-dessus: le féerique « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau au Madeleine et au Colisée le 30 octobre 1946.
Ci-dessus: « Qu’elle était verte ma vallée » de John Ford » au Madeleine le 23 juillet 1948.
Dans l’immédiate après-guerre, on peut assister sur l’écran du Madeleine à la projection, parmi d’autres, le 10 avril 1946 de « Les Démons de l’aube » d’Yves Allégret, le 23 juillet 1946 de « Qu’elle était verte ma vallée » de John Ford et, à partir du 30 octobre 1946, du chef d’oeuvre de Jean Cocteau « La Belle et la Bête » en tandem avec le Colisée. En novembre 1946, un arrêté limitant la consommation d’électricité impose au cinéma Madeleine des limitations de séances en matinée les mercredi et jeudi. Ainsi, pour ces jours, il n’y a que trois séances à partir de 17h30 contre quatre les jours de semaines sans restriction et cinq le week-end. Le film de Jean Cocteau reste quinze semaines à l’affiche des deux cinémas.
Le 21 mai 1947 sort le film d’Ernst Lubitsch « Jeux dangereux » – plus connu sous son titre original « To Be or Not to Be » – puis, à partir du 5 novembre 1947, le succès interprété par Pierre Fresnay « Monsieur Vincent » de Maurice Cloche qui sort au Madeleine ainsi qu’au Biarritz sur les Champs-Elysées.
En 1948, le circuit Gaumont entreprend une rénovation complète du Madeleine-Cinéma, la conception de la salle datant du muet ne correspondant plus aux exigences de l’exploitation de ces années d’après-guerre. Les architectes Pierre de Montaut et Adrienne Gorska, à l’origine notamment du cinéma Normandie des Champs-Elysées, sont mandatés pour assurer la transformation du cinéma que La Cinématographie française, sous la plume de Jean Houssaye, commente dans ses colonnes: « Dans le domaine de la visibilité toutes les places défavorisées seront enlevées, tandis que la suppression de la forme en demi-cercle du balcon et le nouvel aménagement des gradins amélioreront toutes les autres. La réverbération possible de la lumière parasite sur l’écran a été soigneusement étudiée par les ingénieurs de la S.N.E.G. MM Cordonnier et Faguer, et éliminée. Ce sont eux également qui se sont penchés sur le problème de l’acoustique et l’ont résolu par une grande conque placée au-dessus de l’écran (…) L’éclairage sera profondément modifié, et c’est le cadre d’écran qui, complètement rénové, sera la principale source lumineuse. La cabine exiguë et d’accès difficile deviendra grande et confortable et sera dotée de deux escaliers. A l’extérieur les marches d’entrée (les quatre marches précédant le hall étaient jugées dangereuses) seront supprimée, le vestibule d’accès sera donc de plain-pied avec la rue. Deux caisses mobiles permettront un service rapide et l’entrée un contrôle simple. La sortie des spectateurs se fera rue Vignon et ne gênera pas l’entrée. La dimension des portes et leur disposition, aussi bien pour le balcon que pour l’orchestre, rendent possible l’évacuation de la salle en 3 minutes. Dans toutes ces transformations, le côté esthétique a été le plus négligé, la façade restera la même et la décoration intérieure réduite au minimum. Eu égard aux difficultés actuelles et à la cherté des matériaux, la modernisation du Madeleine représente un bel effort qu’il convenait de souligner ». La salle rouvre le 14 avril 1948 avec le film de Jean Faurez « La Vie en rose » avec François Périer présenté au seul Madeleine.
Ci-dessus: l’écran et la scène du cinéma Madeleine en 1948.
Ci-dessus: « L’Aigle à deux têtes » de Jean Cocteau avec Edwige Feuillère et Jean Cocteau au Madeleine et au Colisée le 22 septembre 1948.
Ci-dessus: « La Vie est belle » de Capra avec James Stewart et Donna Reed au Madeleine le 28 juillet 1949.
Ci-dessus: « Pain, amour et jalousie » de Luigi Comencini avec Vittorio De Sica et Gina Lollobrigida à l’affiche le 4 mars 1955.
La salle rénovée constitue désormais avec le cinéma Biarritz un tandem pour proposer dans la capitale des films en exclusivité avec parfois pour le Madeleine l’obtention de l’exclusivité totale pour des films prestigieux. Parmi eux, citons « L’Aigle à deux têtes » de Jean Cocteau avec Jean Marais et Edwige Feuillère le 22 septembre 1948, « Les Amants de Vérone » d’André Cayatte avec Anouk Aimée le 7 mars 1949, « Les Chaussons rouges » de Michael Powell et Emeric Pressburger le 10 juin 1949, « Le Voleur de bicyclette » de Vittorio De Sica le 24 août 1949, « Le Troisième Homme » de Carol Reed le 20 octobre 1949, « La Beauté du diable » de René Clair le 15 mars 1950 au seul Madeleine, « Macbeth » d’Orson Welles le 23 juin 1950, « Journal d’un curé de campagne » de Robert Bresson le 7 février 1951, « Édouard et Caroline » de Jacques Becker le 6 avril 1951, « Le Fleuve » de Jean Renoir le 19 décembre 1951, « Jeux interdits » de René Clément le 9 mai 1952, « Les Belles de nuit » de René Clair le 14 novembre 1952, « Madame de… » de Max Ophuls le 15 septembre 1953, « Le Désert vivant » de James Algar pour les productions Walt Disney, « Pain, Amour et Jalousie » de Luigi Comencini le 4 mars 1955, « Les Aristocrates » de Denys de La Patellière le 14 octobre 1955 ou bien encore la Palme d’or à Cannes « Le Monde du silence » de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle le 15 février 1956.
Le Madeleine, une salle modernisée par l’architecte Georges Peynet.
Durant l’été 1956, le Madeleine ferme ses portes pendant douze semaines afin de subir une nouvelle modernisation, cette fois sous la direction de l’architecte Georges Peynet, à l’origine de nombreuses créations ou rénovations de salles pour la Gaumont. La revue corporatiste Le Film français commente dans son n° 651 les travaux de Georges Peynet: « La S.N.E.G. désirait tout spécialement changer et rajeunir l’ambiance de cette salle du Boulevard, tout en améliorant les accès et les dégagements. Le problème en était difficile car les servitudes imposées par le gros œuvre avec ses voûtes descendant jusqu’au sol et le lourdeur des consoles de béton armé, ont demandé des solutions décoratives pour lesquelles de longues études ont été nécessaires. Seul l’escalier intérieur à droite à été supprimé et remplacé par un dégagement passant sous l’écran. Partout ailleurs, l’architecte s’est plié aux volumes existants. Le sol a été réalisé et sa courbe étudiée pour donner plus d’aisance à la visibilité des spectateurs. Un mouvement de moulures partant du sol vient souligner la partie basse du balcon tandis que, parallèlement à lui, un autre mouvement partant, lui aussi du balcon, ceinture les deux tambours latéraux pour revenir s’épanouir au balcon. Les matériaux de revêtement de cette salle ont été choisis pour leur matité afin de mettre en valeur les couleurs classiques de la salle. La moquette est grise, du flocage jaune recouvre les faces latérales des tambours : ces derniers sont revêtus de lames de bois dont la peinture claire ressort sur des bandes de moquette grise. Les fauteuils sont rouges persan foncé ainsi que le sol de moquette. Des touches de rouge viennent s’harmoniser dans les coupoles du balcon et les crevés de bandeaux de scène. La moquette rouge descend jusque dans le hall. Ce dernier a été agrandi par la suppression d’une pile et par le déplacement vers la façade des portes. Un plafond de staff en a unifié les volumes. La caisse a été implantée le plus près possible du trottoir. Le sol est en marbre noir contrastant avec le marbre clair des revêtements des murs et avec le ton roux e l’acajou du fond du hall. La décoration a été étudiée dans tous les détails, les moulures de staff, le cuivre des vitrines et le cadre d’affiche. Les poignées en ébènes sont l’œuvre du sculpteur Baumel. Grace à de nouvelles installations de conditionnement d’air, l’atmosphère est rafraîchie en été par eau puisée à 80 mètres de profondeur et réchauffée en hiver ».
Ci-dessus: projets de l’architecte Georges Peynet pour la rénovation du cinéma Madeleine en 1956.
Ci-dessus: la salle du Madeleine en 1956.
Ci-dessus: « La Garçonnière – The Apartment » de Billy Wilder avec Jack Lemmon et Shirley MacLaine sort le 16 septembre 1960 en version française au Madeleine et en version originale au Mercury sur les Champs-Elysées.
Ci-dessus: « Zazie dans le métro » de Louis Malle à l’affiche du Madeleine et du Mercury le 28 octobre 1960.
Ci-dessus: « L’Inconnu du Nord-Express » d’Alfred Hitchcock d’après Patricia Highsmith au Madeleine le 19 juillet 1961
Ci-dessus: « Et Satan conduit le bal » de Grisha Dabat avec Catherine Deneuve et Jacques Perrin au Gaumont Madeleine le 24 octobre 1962.
Ci-dessus: « La Grande Évasion » de John Sturges sort le 23 août 1963 au Madeleine ainsi qu’au Mercury, au Max Linder et au Bretagne à Montparnasse.
Ci-dessus: « La Peau douce » de François Truffaut sort le 20 mai 1964 au Madeleine ainsi qu’au Mercury, au Max Linder, aux Images, au Bretagne et au Publicis-Orly.
C’est dans la salle rénovée du Madeleine que le film de Michel Boisrond « C’est arrivé à Aden » rouvre son rideau le 22 août 1956. Une nouvelle combinaison d’exclusivité est mise en place en associant la salle du boulevard de la Madeleine avec le Biarritz et le Gaumont-Palace pour une programmation résolument plus commerciale comme en témoignent les films à l’affiche. Pour les citer, nommons « L’Homme à l’imperméable » de Julien Duvivier avec Fernandel le 22 février 1957, « Sissi impératrice » puis « Sissi face à son destin » d’Ernst Marischka les 16 août 1957 et 10 septembre 1958, « Les Vikings » de Richard Fleischer le 17 décembre 1958 ou bien « Faibles Femmes » de Michel Boisrond le 11 février 1959. Mais ces productions ne correspondent pas au public des cinémas Biarritz et Madeleine comme le prouvent les rendements hebdomadaires médiocres. Le Madeleine revient à des exclusivités plus prestigieuses comme « Autopsie d’un meurtre » d’Otto Preminger avec James Stewart le 14 octobre 1959, « Le Général Della Rovere » de Roberto Rossellini le 11 novembre 1959, « Pickpocket » de Robert Bresson le 16 décembre 1959 ou bien « Zazie dans le métro » de Louis Malle le 28 octobre 1960.
Durant les années 1960, le Madeleine est associé au cinéma Mercury des Champs-Elysées et aux Images de la place Clichy auxquels s’ajoutent parfois le Max Linder et, sur la Rive gauche, les cinémas Bretagne et Mistral exploités par Joseph Rytmann. L’affiche arbore ainsi « La Belle Américaine » de Robert Dhéry le 27 septembre 1961, « La Grande Évasion » de John Sturges avec Steve McQueen et Charles Bronson le 23 août 1963, « L’Homme de Rio » de Philippe de Broca avec Françoise Dorléac et Jean-Paul Belmondo le 28 février 1964, « Le Corniaud » de Gérard Oury le 24 mars 1965 avec Bourvil et Louis de Funès pendant seize semaines ou « Le Tonnerre de Dieu » de Denys de La Patellière avec Jean Gabin le 8 septembre 1965.
Plus tard, la combinaison des cinémas Mercury et Madeleine s’enrichit de salles complémentaires comme l’ABC, le Cluny-Palace ou bien le Sélect pour une série de succès comme « Oscar » d’Édouard Molinaro le 11 octobre 1967, « Les Douze salopards » de Robert Aldrich le 20 décembre 1967, « Butch Cassidy et le Kid » de George Roy Hill le 6 février 1970 ou encore la Palme d’or au Festival de Cannes « Le Messager » de Joseph Losey le 18 juin 1971 durant seize semaines. Après une ultime projection de « L’Épouvantail » de Jerry Schatzberg, le Madeleine ferme ses portes à la fin du mois de juin 1973 pour subir, une ultime fois, une restructuration de sa salle.
Le Madeleine transformé en cinéma de deux salles.
Le début des années 1970 est marqué par une reconversion du parc cinématographique qui s’incarne en particulier par la transformation de cinémas mono-écran en complexes disposant de plusieurs salles. Gaumont transforme le Madeleine en un complexe cinématographique de deux salles d’une capacité de 380 et 280 fauteuils. C’est l’atelier de l’architecte Georges Peynet qui transforme à nouveau le cinéma, comme quarante-deux autres sites rien que durant l’année 1973. La plus grande salle est installée à l’emplacement de l’ancien orchestre tandis que la seconde loge dans l’ancien balcon. Le Madeleine rouvre ses portes le 25 octobre 1973 avec la sortie dans la grande salle de « Deux hommes dans la ville » de José Giovanni avec Jean Gabin et Alain Delon et dans petite salle « La Valise » de Georges Lautner avec Mireille Darc et Michel Constantin. Les productions à succès s’enchaînent comme « Malicia » de Salvatore Samperi avec Laura Antonelli à l’affiche le 10 janvier 1974 ou « Et la tendresse ? Bordel ! » de Patrick Schulmann avec Jean-Luc Bideau le 28 février 1979.
Ci-dessus: la salle 1 du nouveau complexe Madeleine créée en sous-sol dans le volume de l’ancien orchestre.
Ci-dessus: la salle 2 du nouveau complexe Madeleine, installée dans l’ancien balcon.
Ci-dessus: façade du cinéma Gaumont Madeleine en 1973 avec à l’affiche en salle 1 « La Valise » de Georges Lautner avec Mireille Darc et Michel Constantin et en salle 2 « Turkish delices » de Paul Verhoeven avec Rutger Hauer et Monique van De Ven.
Ci-dessus: reprise en 1980 du film d’Alfred Hitchcock « Le Enchaînés » au Madeleine ainsi qu’aux cinéma Elysées Lincoln, Hautefeuille, 7 Parnassiens, Olympic Entrepôt, 14 Juillet Beaugrenelle et Nation.
En 1978, le Madeleine change de main pour être désormais opéré par le même exploitant que le cinéma Saint-Lazare Pasquier qui met en place une programmation alternant les films d’Art et Essai, les continuations d’exclusivité du Berlitz ou du Richelieu et quelques exclusivités comme « Hulk revient » de Kenneth Johnson. On peut y voir également « Perceval le Gallois » d’Éric Rohmer avec Fabrice Luchini le 7 février 1979, « Maman a cent ans » de Carlos Saura avec Géraldine Chaplin le 7 novembre 1979 ainsi que des classiques d’Alfred Hitchcock proposés en version française comme « Les Enchaînés » le 2 janvier 1980.
Le Madeleine perd de sa superbe par une programmation en manque d’identité et un public moins fidèle. La semaine du 9 au 15 avril 1980, « La Femme flic » d’Yves Boisset avec Miou-Miou et « Au boulot… Jerry ! » de Jerry Lewis sont à l’affiche du Madeleine. Ce seront les dernières pellicules qui seront projetées avant la fermeture définitive le mardi 15 avril 1980, après presque soixante ans de vie cinématographique.
Remerciements: M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Le Film, Le Film français, France-Soir, Gallica-BnF.
Photo du Madeleine avec la version muette de « Ben-Hur »: agence Roll.
Photo du Madeleine avec « Les Visiteurs du soir » avec l’aimable autorisation de Jacqueline Dana/J.M. Mounier
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