Adresse: 17 rue Gudin à Paris (16e arrondissement)
Nombre de salles: 1 puis 3
Le développement du cinéma parlant au début des années 1930 accélère la transformation ou la construction de salles de cinéma qui intègrent cette innovation technologique majeure.
Le 22 décembre 1932, une coquette salle de quartier de 700 places est inaugurée dans le 16e arrondissement de Paris, à proximité de l’avenue de Versailles. C’est le film Danton d’André Roubaud, avec Jacques Grétillat dans le rôle-titre, qui inaugure le Porte-de-Saint-Cloud Palace qui deviendra, quelques décennies plus tard, Les Trois Murat.
Le Porte-de-Saint-Cloud Palace ouvre ses portes.
Pour souligner l’importance de l’expansion du parc de salles dans la capitale, rappelons qu’en cette même année 1932 sont inaugurés 22 cinémas dont le Rex, le Lord Byron sur les Champs-Élysées, le Ciné-Opéra, le Raspail 216, le Palermo, l’Apollo ou le Reuilly-Palace. Un an plus tard, 27 établissements ouvrent leurs portes dont le luxueux ciné-palace Marignan-Pathé lancé par Bernard Natan.
Avec une profondeur de 27 mètres et une largeur de seulement 8,50 mètres, le Porte-de-Saint-Cloud Palace est édifié sur deux niveaux, un parterre et un balcon très pentu. M. Boudaghian, son directeur, choisit l’équipement sonore Tobis-Klangfilm, de fabrication allemande. La salle compose avec deux concurrents majeurs dans ce quartier parisien : Bernard Natan de Pathé, avec le Mozart-Palace et le Victor-Hugo, et Pierre Cornaglia avec le Palladium et l’Alexandra. Ces salles, qui ne sont pas des salles d’exclusivité, sont intégrées dans les combinaisons de sortie générale des films.
La programmation du Porte-de-Saint-Cloud Palace est très tôt atypique pour un cinéma de quartier : beaucoup des films qui y sont à l’affiche en double programme viennent de l’étranger et dont l’exclusivité est d’abord jouée dans une salle spécialisée.
On peut donc découvrir sur l’écran du cinéma de quartier, en sortie générale, Shanghaï Express (Joseph Van Sternberg) à partir du 20 janvier 1933 pour 15 jours, L’Ange Bleu du même réalisateur la semaine du 18 août 1933, Back Street (Histoire d’un amour, John M. Stahl), celle du 2 février 1934, La Vie privée d’Henry VIII (Alexander Korda) le 11 mai 1934, Les Quatre filles du Docteur March (George Cukor) le 4 janvier 1935 ou bien L’Orage (Vladimir Perović) projeté en version originale russe la semaine du 29 mars 1935.
Les acteurs comiques Bach ou Milton, dont les films sont très prisés dans les cinémas de quartier, ne sont pas à l’affiche du Porte-de-Saint-Cloud qui aspire à des programmes de qualité.
La plupart des films étrangers, présentés en version originale, sont associés à des films plus populaires qui constituent le double programme de la semaine. Mais le public français accepte difficilement les films parlants en langue étrangère. Ainsi, les grandes productions américaines se retrouvent peu à peu refoulées du marché ; elles referont leur apparition grâce au doublage. Situé dans un quartier chic, le Porte-de-Saint-Cloud Palace est une salle singulière qui continue à proposer des films américains en version originale.
Le bilan de l’année 1934 dressé par La Cinématographie française met déjà en relief la place des indépendants à Paris. Certains exploitants se regroupent pour former de petits circuits afin de lutter contre la concurrence des grands circuits et les exigences des distributeurs qui les délaissent de plus en plus. Pathé, en particulier, perçoit un pourcentage de 40% sur les films que la major distribue, ce qui rend l’accès aux productions de la firme au coq difficile pour la petite exploitation. Est-ce pour cette raison que le Porte-de-Saint-Cloud Palace exploite peu les films Pathé ou est-ce la présence de deux salles du circuit de Bernard Natan sur son territoire ?
Au début 1936, l’exploitation des salles d’exclusivité parisiennes s’essouffle : sur les Champs-Élysées, face aux loyers (déjà) trop élevés et au manque de bons films, l’Ermitage est contraint à fermer ses portes ainsi que l’Élysées-Gaumont. Tous deux seront repris et relancés. Les salles de quartier sont moins impactées grâce à une programmation de films très populaires. Ces inquiétudes seront de courte durée, l’année 1937 sera une année exceptionnelle pour l’exploitation.
De 1937 à 1963, M. Ter-Pergossian prend la tête du Porte-de-Saint-Cloud Palace. Il oriente le cinéma vers une programmation davantage tournée vers grand public, avec toujours deux grands films à chaque séance. Parmi les films projetés, citons : Les Croisades (Cecil B. de Mille) la semaine du 20 décembre 1935, Le Danseur du dessus, plus connu sous son titre original Top Hat (Mark Sandrich) avec Fred Astaire et Ginger Rogers, la semaine du 18 décembre 1936, Nitchevo (Jacques de Baroncelli) le 9 avril 1937, César (Marcel Pagnol) le 8 octobre 1937, La Grande illusion (Jean Renoir) le 17 décembre 1937 ou La Marseillaise (Jean Renoir) le 8 juin 1938.
Ci-dessus: Les Perles de la couronne (Sacha Guitry et Christian-Jaque) la semaine du 29 octobre 1937.
Suivent L’Impossible Monsieur Bébé (Howard Hawks) le 12 octobre 1938, l’incontournable Blanche-Neige et les Sept nains (Walt Disney) le 21 décembre 1938, Entrée des artistes (Marc Allégret) le 22 février 1939, Hôtel du Nord (Marcel Carné) le 19 avril 1939 ou bien, la semaine de la déclaration de guerre, une reprise de Blanche-Neige et les Sept nains.
Un cinéma de quartier en temps de guerre.
Dès la déclaration de la guerre, une jauge est fixée dans les cinémas en fonction du nombre de places disponibles dans les abris voisins. Le Porte-de-Saint-Cloud Palace est contraint à respecter une jauge maximale de 500 places. Si son exploitation est viable, il n’en est pas de même pour le Palladium voisin qui compte 1 200 fauteuils et qui ne peut recevoir que 350 spectateurs.
En septembre 1940, les autorités d’Occupation autorisent l’extension de la limite de fermeture des établissements publics jusqu’à 23 heures à Paris. De plus, le métro est prolongé d’une heure à compter du 25 septembre alors qu’auparavant, le passage du dernier métro était à 22h15 ce qui obligeait les cinémas à terminer la séance du soir avant 22 heures.
C’est dans ce contexte que le Porte-de-Saint-Cloud Palace propose, la semaine du 18 septembre 1940, une reprise de Vertige d’un soir (connu également sous le titre La Peur) réalisé par Victor Tourjanski, d’après Stefan Zweig.
Malgré les restrictions d’électricité et de charbon, le cinéma poursuit son exploitation, alors que le double programme est désormais interdit. Sont à l’affiche des films comme Circonstances atténuantes (Jean Boyer) la semaine du 4 décembre 1940, Paradis Perdu (Abel Gance) celle du 5 mars 1941, Battement de cœur (Henri Decoin) le 24 septembre 1941, Nous les gosses (Louis Daquin) le 4 mars 1942, La Femme perdue (Jean Choux) le 14 octobre 1942, Le Voile bleu (Jean Stelli) le 3 février 1943, Les Visiteurs du soir (Marcel Carné) le 19 mai 1943 ou La Fille du puisatier (Marcel Pagnol) le 13 octobre 1943.
Suivent L’Éternel Retour (Jean Delannoy) le 23 février 1944, reprogrammé la semaine du 12 avril 1944 au regard de la triomphale carrière du film, La Ville dorée (Veit Harlan) le 29 mars 1944 ou bien Béatrice devant le désir (Jean de Marguenat), dernier film programmé avant la fermeture des cinémas la semaine du 19 juillet 1944.
Dès le dimanche 23 juillet, un arrêté du ministère de la Production Industrielle décrète la fermeture des cinémas de Paris, de la Seine, Seine-et-Oise, et Seine et Marne. Ils resteront portes closes jusqu’au 12 octobre 1944.
Les années d’après-guerre.
Le Porte-de-Saint-Cloud Palace rouvre ses portes après la Libération, le 13 octobre 1944, avec la reprise d’un film américain réalisé par Edward Ludwig pour Universal, Cet âge ingrat. Les spectateurs du 16e arrondissement retrouvent la jeune Deanna Durbin, vedette des adolescents d’avant-guerre
L’après-guerre est marqué par les accords Blum-Byrnes qui vont aboutir sur l’abandon des quotas des films américains projetés en France et une attribution de quatre semaines sur treize aux films français.
Si une partie de la profession réagit vivement en dénonçant « un bradage » du cinéma français, les exploitants de leurs côtés ne réagissent pas forcément négativement au regard des importantes recettes générées par les films américains dont le public avait été privé durant l’Occupation.
Ainsi, les spectateurs peuvent voir au Porte-de-Saint-Cloud Palace Convoi vers la Russie (Lloyd Bacon) avec Humphrey Bogart la semaine du 20 juin 1945, Le Dictateur (Charles Chaplin) le 7 novembre 1945, La Règle du jeu (Jean Renoir), dont la sortie générale avait été empêché par la guerre, la semaine du 2 janvier 1946, Les Enfants du Paradis (Marcel Carné) celle du 6 novembre 1946, Les Portes de la nuit (Marcel Carné) le 5 mars 1947, La Belle et la Bête (Jean Cocteau) le 23 avril 1947 ou Gilda (Charles Vidor) avec la troublante Rita Hayworth le 1er octobre 1947.
Ci-dessus: Le Bataillon du ciel (Alexandre Esway) la semaine du 14 septembre 1947.
Suivent La Bataille de l’eau lourde (Jean Dréville et Titus Vibe-Müller) le 16 juin 1948, Les Naufrageurs des mers du Sud (Cecil B. DeMille) le 18 mai 1949 ou bien Jour de Fête (Jacques Tati) le 4 janvier 1950. Comme il est d’usage à l’époque, chaque film ne reste qu’une seule semaine à l’affiche des cinémas de quartier, quel que soit le succès rencontré.
Entre 1947 et 1953, le C.N.C. constate une perte de 50 millions de spectateurs en France dont 35 millions pour la seule région parisienne. Face au déclin de la fréquentation, les exploitants modernisent et rééquipent leurs salles. Ils pourvoient ainsi le parc français d’établissements modernes.
Il en est ainsi du Porte-de-Saint-Cloud Palace qui ferme ses portes le 31 juillet 1951 pour entamer des travaux de rénovations après une dernière projection du superbe film de Joseph H. Lewis, Le Démon des armes, plus connu sous son titre original Gun Crazy.
Le directeur du cinéma M. Ter-Pogossian confie au Film Français en date du 7 septembre 1951 qu’il « estime que le confort, l’esthétique d’une salle, les bonnes conditions de visibilité et d’audition entrent dans une proportion de cinquante pour cent dans l’attrait que peut exercer un spectacle cinématographique, notamment en ce qui concerne une clientèle d’habitués comme c’est le cas du Porte de Saint-Cloud ».
L’entreprise Goetz et Rischemann, dont la rénovation lui a été confiée, embellie considérablement la salle. Du fait de ses dimensions et de sa faible largeur, « il fallait remédier à l’impression primitive de couloir. Ce but a été parfaitement atteint par l’opposition de deux teintes : crème pour toute la partie de la salle comprise entre la scène et le balcon, grenat pour le reste. »
Ci-dessus: la salle rénovée du Porte-de-Saint-Cloud Palace en 1951.
La revue Le Film français évoque le nouvel éclairage « délicatement tamisé et cependant suffisant est réalisé par deux grosses appliques, genre fontaine lumineuse et par le cadre de scène diffusant la lumière de tubes luminescents : le balcon est, de plus, pourvu de nombreuses petites appliques et le plafond de la portion de l’orchestre située sous ce balcon diffuse également une lumière indirecte qui a, en outre, l’avantage de détruire totalement la sensation de salle étroite ».
L’article poursuit en évoquant « les dégagements comprenant deux escaliers pour le balcon et deux sorties pour l’orchestre : l’une en avant de la salle, l’une à l’arrière étaient suffisantes. Cependant la suppression de deux loges a permis l’adjonction d’une troisième porte aux deux existantes, qui accentue encore la rapidité d’évacuation ». Les appareils de projection et le système sonore étant excellents, rien n’a été modifié au cours de ces transformations, de même que les fauteuils récemment remplacés.
Ainsi, le Porte-de-Saint-Cloud Palace n’a désormais rien à envier aux grandes salles de quartier et aux cinémas d’exclusivité. Sa réouverture s’effectue le 22 août 1951 avec le film réalisé par Gregory Ratoff pour la London-Film-Productions Son grand amour dans lequel le public retrouve Edward G. Robinson et Peggy Cummins.
Durant les années 1950, le public du 16e arrondissement pourra voir au Porte-de-Saint-Cloud des productions comme Justice est faite (André Cayatte) la semaine du 18 avril 1951, Ève (Joseph L. Mankiewicz) avec l’immense Bette Davis celle du 23 janvier 1952, Le Fleuve (Jean Renoir) le 9 avril 1952, L’Affaire Cicéron (Joseph L. Mankiewicz) le 17 décembre 1952 ou Ivanhoé (Richard Thorpe) le 8 avril 1953.
Egalement Les Feux de la rampe (Charlie Chaplin) le 31 mars 1954, Les Hommes préfèrent les blondes (Howard Hawks) le 10 novembre 1954, Du Rififi chez les hommes (Jules Dassin) le 28 septembre 1955, Mais qui a tué Harry ? (Alfred Hitchcock) le 10 octobre 1956, Douze hommes en colère (Sidney Lumet) le 18 juin 1958 ou bien le sulfureux Les Amants (Louis Malle) le 28 octobre 1959.
Ci-dessus: Le Baron de l’écluse (Jean Delannoy) la semaine du 5 octobre 1960.
A partir d’octobre 1957, des hausses régulières du prix du ticket de cinéma interviennent afin de pallier la baisse de fréquentation. Une analyse de l’évolution du marché parisien publié par La Cinématographie française le 2 mai 1959 conclut que cette hausse n’a pas provoqué un glissement des spectateurs des salles d’exclusivité vers les salles de quartier, meilleures marché.
En effet, les salles de quartier représentent 67% des 80 millions de spectateurs en 1957 et 67% des 72 millions de spectateurs en 1958. Cette analyse montre que les spectateurs ont tendance à aller moins au cinéma face à la hausse du tarif, en particulier le public populaire fréquentant les salles de quartier.
En 1963, l’exploitante Paule Guisez reprend l’exploitation du Porte-de-Saint-Cloud qu’elle poursuit jusqu’à sa fermeture définitive. Les années 1960 connaissent un déclin des salles de quartier au détriment des salles de première et de seconde exclusivité. Ces dernières gardent désormais le film à l’affiche durant de nombreuses semaines, à l’instar des Gaumont-Théâtre, Royal-Haussmann ou Cinémonde-Opéra, ce qui ne bénéficie pas aux salles de quartier.
Durant cette décennie, Madame Guisez propose dans son cinéma des films comme Le Baron de l’écluse (Jean Delannoy) avec Jean Gabin la semaine du 5 octobre 1960, Voulez-vous danser avec moi ? (Michel Boisrond) avec l’ensorcelante Brigitte Bardot le 5 juillet 1961, Le Chevalier de Pardaillan (Bernard Borderie) le 5 décembre 1962, Les Oiseaux (Alfred Hitchcock) le 19 février 1964 ou encore La Peau douce (François Truffaut) le 9 septembre 1964.
Ci-dessus: Le Monocle rit jaune (Georges Lautner) la semaine du 9 décembre 1964.
Ci-dessus: El Dorado (Howard Hawks) la semaine du 23 août 1967.
Citons également James Bond contre Docteur No (Terence Young) le 8 septembre 1965, suivi de Bons baisers de Russie du même réalisateur le 15 septembre 1965, Comment voler un million de dollars (William Wyler) le 2 novembre 1966, Paris brûle-t-il ? (René Clément) le 22 février 1967 ou Bonnie & Clyde (Arthur Penn) le 24 avril 1968.
La fresque slave de David Lean Le Docteur Jivago y est à l’écran le 2 octobre 1968 suivie de Z (Costa-Gavras) le 8 octobre 1969, Le Boucher (Claude Chabrol) le 13 mai 1970, Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville) le 10 février 1971 pour deux semaines ou bien La Mandarine (Édouard Molinaro), le dernier film à l’affiche du Porte-de-Saint-Cloud avant sa transformation, la semaine du 17 mai 1972.
La naissance du complexe Les Trois Murat.
Cette année-là, une importante mutation du parc des salles se produit : les volumes des grands cinémas ne sont plus adaptés devant l’affaissement de la fréquentation. De plus, les salles historiques, qui s’inspiraient des théâtres, ne sont plus prisées par le public qui attend désormais d’un cinéma qu’il soit confortable et moderne.
C’est dans ce contexte que les salles uniques sont découpées en plusieurs volumes accueillant des salles de capacités réduites. Mme Guisez transforme le Porte-de-Saint-Cloud en un complexe de trois salles intégrées dans l’ancien volume du site. Une salle de 261 fauteuils est ainsi créée au rez-de-chaussée, deux autres se tenant dos à dos au premier étage (respectivement 182 et 167 fauteuils).
Ci-dessus: les trois nouvelles salles du complexe Les 3 Murat (architecte Artémisios Wang).
La distribution des différents espaces et salles est étudiée pour permettre la surveillance par le personnel et le bon déroulé des séances. Les billets pour chaque salle, dont chacune possède des sanitaires autonomes, sont en vente dans l’unique caisse. Au premier étage, une seule cabine de projection alimente les deux salles et communique avec la cabine du rez-de-chaussée par un escalier intérieur.
Pour la transformation de son cinéma, Mme Guisez choisit l’architecte parisien Artémisios Wang – à l’origine des créations des petites salles du Grand Rex en 1971, de l’agrandissement du Darcy à Dijon en 1976 et 1978 ou de la transformation en complexe du Normandy à Alençon en 1979 – qui conçoit une décoration résolument moderne : « peintures lumineuses, spots réglés sur la musique, bandes arc-en-ciel » comme le commente Le Film français en date du 27 octobre 1972. Monsieur et Madame Guisez inaugurent « au champagne » leur complexe « dans une ambiance très chaleureuse ».
Les portes sont ouvertes au public dès le 1er novembre 1972 sous la nouvelle enseigne « Les Trois Murat », avec à l’affiche L’Attentat (Yves Boisset), Le Charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel) et L’Apprentie sorcière (Robert Stevenson pour Walt Disney Productions).
A cette occasion, le cinéma change de statut et devient un « cinéma de catégorie A », c’est-à-dire une salle d’exclusivité. Le prix d’entrée est de 10 frs alors qu’à cette époque il faut débourser 15 frs au Gaumont Champs-Élysées, 13 frs au Pathé Marignan-Concorde, 8 et 11 frs au Rex ou au Paramount Opéra.
Affilié au réseau UGC qui regroupe alors divers exploitants indépendants, Les Trois Murat affiche les films dont la sortie est assurée par le circuit et bénéficie, entre autres, des classiques Disney sortant en même temps que dans la salle phare du circuit, Le Grand Rex.
Ci-dessus: la réédition de Blanche-Neige et les Sept nains (Walt Disney) à partir du 6 décembre 1973.
Ci-dessus: La Dernière Folie de Mel Brooks (Mel Brooks) à l’affiche des 3 Murat à partir du 27 octobre 1976 (3ème semaine d’exclusivité).
La première année d’exploitation des Trois Murat affiche 186 200 entrées. Plus de 10 ans plus tard, en 1985, il n’en enregistre que 122 688. Au mitan des années 1980, la fréquentation des cinémas chute d’une manière prononcée, en particulier à Paris qui enregistre 34 953 000 entrées en 1986 contre 45 450 000 entrées en 1981.
Deux facteurs altèrent les rendements des Trois Murat : d’une part, l’ouverture du complexe Gaumont Ouest le 10 décembre 1980 qui amène la clientèle de Boulogne-Billancourt à déserter le complexe du 16e arrondissement, d’autre part l’incapacité de programmer des films en version originale pourtant réclamé par les spectateurs de ce quartier chic parisien mais refusées par les distributeurs.
Ci-dessus: Taram et le Chaudron magique (Ted Berman et Richard Rich), le dernier dessin-animé Disney à l’affiche du complexe, à partir du 27 novembre 1985.
Dans ce marché concurrentiel, Madame Guisez choisit de mettre en vente le cinéma et de se concentrer sur ses autres salles : l’UGC Boulevard (4 salles), l’UGC Gobelins (7 salles), Les Trois Secrétan (3 salles) et l’UGC Gare de Lyon (5 salles et sous peu 7).
La dernière séance a lieu le 18 février 1986 avec trois dernières projections : Commando (Mark L. Lester) avec Arnold Schwarzenegger, La Galette du Roi (Jean-Michel Ribes) et Natty Gann (Jeremy Kagan pour Walt Disney Productions). Ces films accueillent respectivement 509, 412 et 834 spectateurs lors de la dernière semaine d’exploitation.
Un immeuble d’habitations remplace désormais l’ancien cinéma de quartier.
Texte: Thierry Béné
Documents: La Cinématographie française, Le Film français, Cinémas de France, France-Soir, Pariscope et Gallica BnF.
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