Adresse: 27 avenue des Champs-Elysées à Paris (8ème arrondissement)
Nombre de salles: 1 puis 6
Aujourd’hui: Gaumont Champs-Elysées Marignan

Le cinéma Pathé-Natan Marignan ouvre ses portes le 30 mars 1933 au sein d’un bel immeuble imaginé par l’architecte Bruyneel, au carrefour de l’avenue des Champs-Elysées et de la rue Marignan. Dans les colonnes du quotidien Comoedia, Charles Méré commente l’ouverture de ce nouveau temple de la cinématographie « la nouvelle salle Marignan qui vient de s’ouvrir en plein cœur du Paris neuf et dont l’inauguration fut, hier, un éclatant succès, peut être considéré pour l’harmonie de ses proportions, le style solide et dépouillé de son architecture, et sa décoration, comme l’une des plus belles salles de Paris. Et comme je félicite les constructeurs de ce moderne palais de s’être gardé du colossal! Par le goût qui a présidé à sa conception et à son aménagement, par ses proportions équilibrées, et par son atmosphère, cette salle est vraiment française. Dès le premier soir, les parisiens se sont sentis chez eux. Et tout Paris était là en effet. Une surprise inédite était réservée aux invités. L’arrivée de ceux-ci dans le magnifique hall avait été filmée; leurs conversations et leurs exclamations admiratives avaient été enregistrées ! Et sur l’écran, on projeta en « édition spéciale » cette « dernière heure » des actualités. Miracle du cinéma ! Quel chemin parcouru depuis 1900 ! Les vieux parisiens pourront à loisir comparer dans leur souvenir les Champs-Elysées de cette époque aux Champs-Elysées d’à présent, auxquels le Marignan ne va pas manquer d’apporter plus d’animation encore. Le choix qui fût fait de « La Dame de chez Maxim’s » pour cette inauguration est en cela fort heureux. Ce regard vers le passé nous permet de mieux admirer l’élégance et la beauté du Paris d’aujourd’hui ».

Ci-dessus: publicité annonçant l’ouverture du « plus élégant cinéma d’Europe », le Pathé-Natan Marignan.

Le Marignan-Pathé, une salle aussi luxueuse qu’élégante.

De son côté, le quotidien Le Matin évoque les caractéristiques de la salle: « La première chose qui frappe est le formidable développement de la façade d’angle, laquelle atteint 50 mètres, dont les deux tiers environ sur les Champs-Elysées et le tiers sur la rue Marignan. Deux grandes entrées monumentales de huit mètres de large, commandant les deux voies d’accès, aboutissent à une grande rotonde de 15 mètres de diamètre et de 10 mètres de hauteur. Deux guichets sont aménagés sous la rotonde qui en cas d’affluence, pourra contenir près de 2000 personnes, soit la totalité des spectateurs. Aucune salle à Paris et en Europe n’offre un aussi vaste dégagement et un aussi sûr abri. L’entrée des spectateurs sur les Champs-Elysées se fait également par un grand hall constituant l’entrée principale. Le Marignan-Pathé enrichit donc Paris d’une salle, aussi luxueuse qu’élégante. Si l’on considère le gros œuvre de la salle, indépendamment de ses enjolivements décoratifs, cet établissement apparaît comme une œuvre audacieuse où de nombreuses difficultés techniques durent être résolues. La salle entièrement construite en ciment armé a pour dimensions principales: longueur depuis le foyer jusqu’au mur de scène : 40 mètres; largeur totale de la salle: 23 mètres; hauteur entre les fauteuils d’orchestre et le plafond : 20 mètres. Dans toute salle moderne de spectacle, les exigences d’esthétique, de visibilité, d’acoustique et de climatisation rendent ardue la tâche des constructeurs. Ici, le problème était encore compliqué du fait des grandes dimensions et surtout parce que son plafond franchissant 23 mètres d’une seule portée , devait servir d’appui à un immeuble de quatre étage avec tous ses services. Malgré ces difficultés, il était impossible d’admettre des colonnes intermédiaires dans une salle vraiment moderne et il a fallu reporter sur chaque côté du bâtiment la totalité des charges provenant du mezzanine, du balcon, du plafond et de l’immeuble le surmontant ».

Ci-dessus: dessin de la salle du Marignan en 1933.

Ci-dessus: vues de la salle du cinéma Pathé-Natan Marignan en 1933.

Ci-dessus: le hall du cinéma Pathé-Natan Marignan en 1933.

Alexandra Pecker dans Comoedia donne ses premières impressions sur la salle:  « la salle est spacieuse, confortable, aérée. On y ressent une impression de bien-être et de délassement qui dispose favorablement le jugement porté sur le spectacle ». La soirée de gala est somptueuse. De nombreuses personnalités y participent, parmi lesquelles Tristan Bernard, Françoise Rosay, Jacques Feyder, Pierre Wolff, Louis Lumière et Florelle, « une jeune femme blonde, délicieuse de modestie, de simplicité, de charmes », qui joue dans le film inaugural. D’autres vedettes de l’époque participent à cet événement: Marcelle Chantal, Mona Goya, Jeanne Boitel, Dolly Davis, Colette Darfeuil ainsi qu’une certaine Mademoiselle Chanel. Les dirigeants de la société Pathé-Natan, Bernard et Emile Natan entourés du brillant état-major de leur société, assistent à l’inauguration de leur salle. Les grandes premières du Marignan seront, jusqu’à la fin des années 1960, fastueuses et toujours immortalisées par les actualités Pathé-Journal.

Après le film inaugural réalisé par Alexander Korda « La Dame de chez Maxim’s », la salle du Pathé-Natan Marignan affiche le 22 avril 1933 « Le Testament du docteur Mabuse » de Fritz Lang, dans sa version tournée en français à Berlin. Les œuvres suivantes sont des productions franco-allemandes, parfois tournées pour l’Universum Film AG (UFA) de Berlin, comme le 6 mai 1933 « Moi et l’impératrice » de Paul Martin en version française, le 16 juin « L’Etoile de Valencia » de Serge de Poligny, le 30 juin « Idylle au Caire » de Reinhold Schünzel et Claude Heymann ou bien le 15 décembre de la même année « Tunnel » de Curtiz Bernhardt avec le jeune Jean Gabin.

Ci-dessus: « Le Testament du Dr. Mabuse » au Marignan le 22 avril 1933.

Ci-dessus: « Faisons un rêve » de Sacha Guitry à l’affiche le 16 décembre 1936.

Ci-dessus: « François 1er » avec Fernandel à l’affiche le 18 février 1937.

Ci-dessus: « Marthe Richard » avec Edwige Feuillère à l’affiche le 20 avril 1937.

Ci-dessus: « L’Innocent » avec Noël-Noël à l’affiche le 11 février 1938.

Ci-dessus: « Les Gens du voyage » de Jacques Feyder à l’affiche le 4 mars 1938.

Les productions maison de Pathé sont à l’affiche et en exclusivité dans la capitale dans la salle du Marignan comme, le 5 janvier 1934, « La Bataille » produit par Bernard Natan et réalisé par Viktor Tourjanski et Nicolas Farkas. Alors que la première époque du film de Raymond Bernard « Les Misérables » est donnée au Paramount-Opéra et la deuxième au Marivaux, la dernière partie de l’adaptation de Victor Hugo est présentée le 23 février 1934 au Marignan. Une soirée-événement est organisée le samedi 3 février au cours de laquelle les trois parties du film de Raymond Bernard sont présentées de 20h30 à 2h45 le lendemain matin. L’interprète principal des « Misérables » Harry Baur, l’actrice Mary Marquet, Tristan Bernard – le père du cinéaste, le réalisateur Julien Duvivier… sont présents, ainsi que la presse cinématographique et corporative française et étrangère, à cette nuit cinématographique placée sous le signe de Jean Valjean.

Pour ses premiers mois d’exploitation, les sorties s’enchaînent au Marignan: le film de Jacques Feyder « Le Grand jeu » y est présenté le 27 avril 1934 suivi le 8 février de l’année suivante de celui de Marcel L’Herbier « Le Bonheur ». Cinéma privilégié des exclusivités à grand spectacle des années 1930, on y joue « Les Nuits moscovites » d’Alexis Granowsky le 16 novembre 1934, « Golgotha » de Julien Duvivier le 12 avril 1935, « La Kermesse héroïque » de Jacques Feyder le 6 décembre de la même année, « Mayerling » d’Anatole Litvak le 7 février 1936 et deux œuvres de Marcel L’Herbier « La Tragédie impériale » le 30 mars 1938 et « Entente cordiale » le 21 avril 1939.

Marcel Pagnol et Sacha Guitry sortent certaines de leurs productions au Marignan. Pour le premier, son « Regain » avec Fernandel est à l’affiche le 29 octobre 1937, quant au second, « Le Roman d’un tricheur » y est programmé le 9 septembre 1936, « Faisons un rêve » le 16 décembre 1936, « Désiré » le 4 décembre 1937 et « Les Perles de la couronne », qui bénéficie d’une somptueuse sortie, le 12 mai de la même année. Pour ce film, dont une scène a été tournée à son bord, le paquebot Normandie organise un grand gala dans la salle du « plus beau paquebot du monde » au cours duquel le film est projeté.

« Les Perles de la couronne », dont les places lors de l’avant-première sont fixées à 150, 100 et 50 frs, sont intégralement reversées au Comité national des plus grands invalides de guerre. La Cinématographie française commente cette première : « tout Paris se trouvait réuni dans la salle au moment où le maître Albert Wolff arriva au pupitre pour diriger Les Concerts Pasdeloup. Le Tout Paris du monde du Théâtre, des Lettres, des Arts était venu fêter l’œuvre nouvelle du plus grand acteur-auteur français : Sacha Guitry… On y reconnaissait des personnalités allant de Madame Courteline à Tino Rossi, Suzy Vernon, Max Dearly, Annabella, Cécile Sorel, Simone Berriau, Marcel Achard et tant d’autres… ». Durant la première semaine d’exploitation du film, le Marignan enregistre 38.174 spectateurs. Le film bat tous les records de la salle: 13 semaines d’exclusivité – le précédent record de 9 semaines est détenu par « La Kermesse héroïque » – et un total de 156.081 entrées. La seconde exclusivité du film de Guitry est projetée de l’Impérial-Pathé sur dans les grands boulevards, comme pour la plupart des prolongations du Marignan.

Ci-dessus: « Blanche-Neige et les sept nains » en exclusivité au Marignan.

Dans ces années 1930, l’événement du Marignan reste la sortie le 6 mai 1938 de « Blanche-Neige et les sept nains » de Walt Disney. Très attendu, le film est un triomphe et garde l’exclusivité au seul Marignan pendant 18 semaines, puis retiré de l’affiche pour « cause d’engagement antérieur », à savoir un contrat pour la sortie de « Piste du sud » de Pierre Billon. L’Impérial-Pathé reprend le film de Disney dès le 11 septembre et reste à l’affiche jusqu’au 8 décembre avant d’effectuer sa sortie générale dans les salles de quartier et de banlieue en ce Noël 1938.

La Cinématographie française commente le succès du film de Walt Disney: « le total des recettes faites au Marignan de Paris pendant les 2 premières semaines est le plus élevé qui ait jamais été réalisé dans ce théâtre pendant la première quinzaine d’un film ». Plus de 300.000 spectateurs assistent dans la seule salle du Marignan à la projection de « Blanche-Neige » en version française.

Le Marignan-Pathé réquisitionné en Soldatenkino.

Les succès se succèdent au Marignan en cette fin de la décennie 1930, comme « Trois valses » de Ludwig Berger le 16 décembre 1938, ou « Fric-frac » de Maurice Lehmann le 15 juin 1939. Lorsque le conflit éclate, le Marignan affiche depuis le 25 août 1939 « Jeunes filles en détresse » de Georg Wilhem Pabst. La salle interrompt ses programmes entre la fin du mois de septembre et jusqu’au 16 décembre de l’année 1939, date à laquelle le film de Robert Siodmak « Pièges », ayant pour interprète Maurice Chevalier, débute son exploitation. Quand les troupes allemandes entrent dans la capitale, le Marignan affiche depuis le 1er mai 1940 « De Mayerling à Sarajevo » de Max Ophüls. La salle ne rouvre pas aux civils puisqu’elle est rapidement réquisitionnée par l’occupant et transformée, à l’instar du Rex, en Soldatenkino où seuls les officiers allemands et leurs invités y ont accès. A la Libération, la salle est de nouveau réquisitionnée, cette fois par les alliés et transformée en Allied Troop Theater.

La réouverture du Marignan au public a lieu le 24 septembre 1946, avec comme film d’ouverture « La Symphonie pastorale » de Jean Delannoy. Grand succès de l’immédiate après-guerre, le film est simultanément présenté au Festival de Cannes où il remporte le Grand Prix des films français et le Grand Prix international d’interprétation pour son actrice Michèle Morgan.

Le Marignan, la salle des grandes sorties parisiennes.

Le Marignan fonctionne en tandem avec la salle du Marivaux située sur les grands boulevards. Les parisiens assistent dans la foulée au beau film de Marcel Carné, qui est un échec commercial, « Les Portes de la nuit » avec Yves Montand. Les deux salles affichent quelques succès comme, le 1er octobre 1947, « Quai des Orfèvres » d’Henri-Georges Clouzot, « Aux Yeux du souvenir » de Jean Delannoy le 23 novembre 1948 ou bien deux œuvres d’André Cayatte: « Justice est faite » le 20 octobre 1950 et « Nous sommes tous des assassins » le 21 mai 1952. Quelques productions américaines sont présentées au Marignan et au Marivaux comme, le 28 avril 1948, « Bambi » de Walt Disney dont la première sortie ne renouvelle pas le triomphe de « Blanche-Neige ».

En 1952, le Marignan s’équipe pour la sortie du film de Charles Chaplin « Limelight – Les Feux de la rampe » d’un écran unique en France permettant une projection d’une qualité exceptionnelle via le procédé R.C.A. Synchro Screen, d’invention anglaise. « L’avantage de ce procédé, tout en diminuant le désuet cadre noir, de donner un maximum de visibilité au centre du champ visuel et une illumination des contours immédiats de l’image évitant toute perte de visibilité ».

En 1953, les sorties du Marignan sont associées avec celles du Gaumont-Palace et du Berlitz pour la sortie de films au potentiel commercial important comme « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly à l’affiche le 11 septembre 1953, « Lucrèce Borgia » de Christian-Jaque le 23 octobre, « Les Orgueilleux » d’Yves Allegret le 25 novembre, « Les Aventures de Peter-Pan » de Walt Disney le 23 décembre et, pour l’année 1954, « Si Versailles m’était conté » de Sacha Guitry le 10 février ou bien « Prince Vaillant » d’Henry Hathaway le 6 août.

Ci-dessus: « Les Chevalier de la Table-ronde » à l’affiche du Pathé Marignan le 22 décembre 1954.

Ci-dessus: « Les Misérables » de Jean-Paul Le Chanois à l’affiche du Pathé Marignan le 12 mars 1958.

La salle rejoint ensuite Le Français, installé sur les grands boulevards, pour la sortie d’œuvres comme « Obsession » de Jean Delannoy le 28 octobre 1954, « Les Chevaliers de la Table ronde » de Richard Thorpe le 22 décembre, « Du rififi chez les hommes » de Jules Dassin le 13 avril 1955, « Lola Montès » de Max Ophüls le 23 décembre ou bien « Voici le temps des assassins » de Julien Duvivier le 13 avril 1956.

En 1957, des travaux de rénovation, sous la direction de l’architecte Vladimir Scob, ont lieu dans le cinéma et sont détaillés par un article qui paraît dans La Cinématographie française: « des tapisseries de soie de verre et d’amiante brun rouge, brochées d’un coq Pathé heureusement stylisé, réalisées par la Société Marocaine de Constructions Mécaniques, revêtent entièrement le « Marignan 1957″. Les velours mohair grenat de la société Quinette ont habillé les fauteuils construits par Bertrand Faure. La Société Tisserand a monté et mécanisé le cadre d’écran et le rideau de velours gris, d’une ampleur majestueuse s’ouvrant à l’italienne sur un écran susceptible de donner une image cinémascopique de 13 mètres de base. Le foyer rénové complété d’un salon bar où pour la première fois sur les Champs-Elysées, le spectateur pourra, en attendant le début de la séance, profiter des programmes de la télévision sur plusieurs téléviseurs Pathé-Cinéma disposés au mieux de son confort ».

Pendant la durée des travaux, les projections se poursuivent, seuls trois jours de fermeture totale sont nécessaires pour finaliser la rénovation du Marignan. Les films à l’affiche, toujours en duo avec le Français, sont principalement des productions françaises comme « Les Tricheurs », le nouveau film de Marcel Carné qui tient l’affiche durant 18 semaines au Marignan à partir du 10 octobre 1958. « Marie-Octobre » de Julien Duvivier est à l’affiche du Marignan ainsi que les productions de prestige comme, durant 16 semaines, « Orfeu negro » de Marcel Camus ou, pendant 18 semaines dès le 11 mai 1960 « La Douceur de vivre » le titre alors francisé du film de Federico Fellini.

Ci-dessus: vues de la salle rénovée en 1957 avec le coq Pathé.

Ci-dessus: « Goldfinger » avec Sean Connery au Marignan le 17 février 1965. 

Ci-dessus: « Le Docteur Jivago » au Marignan le 30 septembre 1966. 

Au milieu des années 1960, la salle affiche des films distribués par la Metro-Goldwyn-Mayer comme « Les Révoltés du Bounty » de Lewis Milestone le 21 décembre 1962, « Mélodie en sous-sol » d’Henri Verneuil le 3 avril 1963 et surtout  « Le Docteur Jivago » de David Lean proposé pendant 31 semaines en 70MM et en tandem avec le Richelieu. Deux films de la saga James Bond sont programmés au Marignan: « Goldfinger » de Guy Hamilton le 17 février 1965 et « On ne vit que deux fois » de Lewis Gilbert le 20 septembre 1967.

Vers le cinéma multisalles Pathé Marignan-Concorde.

Après une ultime projection le 7 mai 1968 de « Reflets dans un œil d’or » de John Huston, programmé depuis le 3 avril, Pathé ferme son cinéma des Champs-Elysées pour le restructurer. Deux salles de 1200 et 490 fauteuils voient le jour au sein du nouvel établissement: elles sont baptisées Marignan et Concorde. Le Film français commente les travaux effectués sous la direction des architectes Vladimir Scob et Jean Touraine: « les travaux ont consisté à ne conserver que les structures essentielles de l’ancien Marignan et de ses dépendances, puis à lancer une dalle en béton précontraint à la hauteur de l’ancien mezzanine. Ainsi furent crées deux volumes superposés : en haut le Nouveau Marignan (1200 places), en bas le Concorde (490 places). Le Marignan d’aujourd’hui comporte orchestre (700 fauteuils) et corbeille (500 fauteuils). Il offre avec un écran de 14m sur 6,50, une visibilité parfaite quelle que soit la place que l’on occupe. Le Concorde a fait l’objet, tant sur le plan technique que sur celui du confort, de soins exceptionnels. La cabine y est automatique, les lanternes à arcs étant remplacées par des lampes au xénon, et la projection est frontale avec un écran de 13m X 6,20m. Le problème de l’isolation phonique entre les deux salles a été résolu grâce à un double traitement, prenant en sandwich le plancher en béton précontraint (…) Les halls, foyers et dégagements ont été eux aussi, entièrement transformés, traités en matériaux noble où le marbre de Carrare et les miroirs s’allient à des décorations de style contemporain. La rotonde, elle a été conçue pour qu’on y trouve l’ambiance d’un bar salon ». 

Ci-dessus: vue de la salle Marignan, du hall et du foyer (en haut) et de la salle Concorde ainsi que du bar (en bas) en 1968.

Les deux nouvelles salles ouvrent le 18 décembre 1968 avec la première de « Mayerling » de Terence Young à laquelle assistent Georges Pompidou et Maurice Chevalier. Au Concorde, le premier film projeté est « L’Astragale » de Guy Casaril d’après le roman d’Albertine Sarrazin avec Marlène Jobert. Le succès du cinéma Marignan Concorde se confirme rapidement avec des films comme « Erotissimo » de Gérard Pirès le 13 juin 1969, « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause » de Michel Audiard le 17 avril 1970, « Les Diamants sont éternels » de Guy Hamilton le 15 décembre 1971 ou bien « Il était une fois la révolution » de Sergio Leone le 29 mars 1972.

En 1974, Vladimir Scob et Jean Touraine ajoutent deux nouvelles salles dans les dépendances du Marignan, tout en conservant les deux autres volumes des salles Marignan et Concorde, mais en réduisant la surface de la rotonde d’origine. Avec cette extension, le Pathé Marignan-Concorde confirme sa position sur l’avenue des Champs-Elysées. Les travaux sont effectués sans fermer le cinéma grâce à un aménagement de camouflage provisoire des éléments d’accès au chantier que « certains ont même pris pour une nouvelle décoration définitive du hall ! ».

Ci-dessous: la salle Concorde en 1968.

Ci-dessous: la salle Marignan en 1968.

Ci-dessous: le hall rénové du Pathé Marignan-Concorde en 1968.

Ci-dessous: le foyer rénové du Pathé Marignan-Concorde en 1968.

Ci-dessous: le bar du Pathé Marignan-Concorde en 1968.

Ci-dessous: l’accès au bar du Pathé Marignan-Concorde en 1968.

Ci-dessous: la salle 4 du Pathé Marignan-Concorde en 1974.

Ci-dessus: le multisalles Pathé Marignan-Concorde en 1983.

Au courant des années 1970, la grande salle du Marignan est divisée en deux salles. Le complexe Pathé Marignan-Concorde compte désormais six salles et attire en masse le public grâce aux projections 70MM de « La Guerre des étoiles » de Georges Lucas le 19 octobre 1977, de « Alien » de Ridley Scott ou bien « Gremlins 2 » de Joe Dante le 22 août 1990.

Le Pathé Marignan-Concorde devient le Gaumont Champs-Elysées Marignan.

En raison d’un accord de cession et d’échange de salles de cinéma à Paris et en province entre les circuits Gaumont et Pathé, le Marignan-Concorde revient à Gaumont dès le mois de janvier 1992. La firme à la marguerite l’associe bientôt à son complexe Gaumont Ambassade situé en face et renomme ses deux cinémas Gaumont Champs-Elysées Marignan et Gaumont Champs-Elysées Ambassade.

Décoré par Christian Lacroix, l’ancien cinéma Pathé des Champs-Elysées conserve encore aujourd’hui certains de ses éléments d’origine comme les grands escaliers, les rampes en cuivre ainsi que le bar au sous-sol. Le Gaumont Champs-Elysées Marignan continue de faire l’événement grâce aux récentes projections, au format 70MM de la grande salle du sous-sol – qui n’est autre que l’ancien Concorde – du film de Quentin Tarantino « Les Huits salopards » le 6 janvier 2016 et « Dunkerque » de Christopher Nolan le 19 juillet 2017. Le 21 juin 2019, c’est l’acteur Christopher Walken qui, dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival, effectue sa Master Class dans la salle du Gaumont Champs-Elysées Marignan.

Ci-dessus: l’ancien Pathé Marignan-Concorde, devenu Gaumont Champs-Elysées Marignan.

Voir le cinéma Gaumont Champs-Elysées.

Voir les cinémas des Champs-Elysées.

Remerciements: M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Le Film français, Gallica BnF, revue Pathé Magazine, collection particulière.