Il a été applaudi au Festival de Cannes, le bouche à oreille a fait le reste: la première réalisation de Guillaume Gallienne s’annonce comme la comédie à succès de 2013. Mais cet outing hétérosexuel est loin d’être une pochade que le cinéma français nous habitue, hélas, trop souvent. C’est un film hilarant, étonnant et courageux sur un petit garçon qui croyait être une fille.

Guillaume (le réalisateur interprète tous les âges de son personnage) est l’un des trois garçons d’une famille bourgeoise parisienne. Son père (André Marcon) est un homme d’affaires qui prône une éducation conformiste ( « les garçons, ça doit faire du sport » ) tandis que sa mère (Guillaume Gallienne encore!) passe ses journée à s’affairer pour paraître d’autant plus débordée. Mais le petit Guillaume n’a pas la virilité de ses frères: peu enclin à la pratique du sport, il est un peu trop amoureux de sa maman. Pire, il pense tout simplement être une fille!

Le film de Guillaume Gallienne reprend sa pièce à succès où, seul en scène, il contait les différentes étapes de son adolescence douloureuse et déclarait son amour à sa mère. Sa pièce comme son film sont forcément autobiographiques (jusqu’où?) et il était naturel que le comédien du Français y interprète le rôle principal (le sien). L’autre bonne idée du film est qu’il joue également celui de Melita, sa mère: la composition est hilarante. Autour de lui, des comédiens chevronnés l’accompagnent dans cette comédie fine et sensible: André Marcon et Françoise Fabian.

La drôlerie de « Guillaume et les garçons à table » estompe la douleur d’un garçon sensible qui a certainement vécu des moments moins heureux. Moqué par ses frères, bouc émissaire de ses camarades de pensions ( « deux ans de bizutages n’ont jamais tué personne » lui réplique sa mère en apparition dans les toilettes du pensionnat), le chemin de la construction de l’adolescent n’est pas des plus aisés.

Alternant les scènes filmées au théâtre lors de son one-man-show et les moments phares de son enfance, dont un savoureux détour en Angleterre et en Allemagne, « Guillaume et les garçons à table » sort des sentiers de la comédie formatée et livre une réflexion sur l’éducation et la sexualité. C’est aussi un bel hommage aux femmes et… aux mamans.