Le Ozon nouveau est arrivé. Comme à la belle époque des Chabrol, Allen et autres Mocky qui sortaient un nouveau film par an, François Ozon retrouve son public pour un rendez-vous cinématographique toujours détonnant. Cette fois encore, après « Frantz » , François Ozon reste dans le thriller mais change résolument d’époque et de style.
Chloé (Marine Vacth, révélée dans « Jeune & Jolie » du même Ozon), est une jeune femme perturbée qui entame une thérapie auprès du psychiatre Paul Meyer (Jérémie Renier). La séduisante Chloé ne va pas tarder à tomber sous le charme de son psychothérapeute et, par la même occasion, découvrir la vraie identité de celui qui partage désormais sa vie. C’est le temps aussi pour Chloé de mener une introspection radicale.
Dans des espaces élégants d’un Paris froid et sublimé, notre héroïne va évoluer de cabinets médicaux en musées (elle est gardienne au Palais de Tokyo) et poursuivre sa quête d’elle-même jusque dans la banlieue pavillonnaire (qui est en fait tournée en Belgique, Ozon étant fascinée par les pavillons de banlieue). Le fidèle compositeur Philippe Rombi lorgne sur les partitions des giallo italiens (on pense à Pino Donaggio, le musicien attitré de Brian De Palma) et donne une ambiance mi-kitsch mi-électro au film.
Le cinéaste poursuit dans « L’Amant double » l’exploration de ses propres obsessions, à savoir les fantasmes homosexuels et les désirs des corps sublimés. Il embarque son spectateur dans des voies troubles et, toujours virtuose, réussit son pari malgré un scénario alambiqué. Jérémie Renier, toujours excellent, se dédouble pour notre plus grand plaisir. La belle Marine Vacth est très convaincante en femme inassouvie et torturée. Mention spéciale à la trop rare Myriam Boyer qui sortirait tout droit d’un film de David Lynch.
Oui, Marine Vacht possède une photogénie exceptionnelle, déjà remarquée dans Jeune et Jolie du même François Ozon…
Une étoile serait-elle sinon née, tout au moins en train de naître ?
En deux films Marine Vacth se livre avec une obsédante intimité à la caméra admirative de François Ozon.
Ici le spectateur est cueilli dès le premier plan qui pendant cinq secondes le fait sortir d’une vulve à la taille d’un grand écran comme pour nous dire : regardez bien, prenez l’importance démesurée du sexe dans la vie !
Un rappel Freudien en quelque sorte; inévitable pour les uns, et délirant pour d’autres.
Mais qu’est donc le réel sinon la poursuite de fantasmes répond ce film avec une prégnance parfois vertigineuse dont Ozon le bien nommé possède la recette cinématographique !