Lui est français, elle allemande. Dans une petite bourgade outre-Rhin au lendemain de la « grande guerre » , Anna (Paula Beer) surprend Adrien (Pierre Niney) en train de se recueillir sur la tombe de son fiancé Frantz, fauché par les canons. Présenté aux parents du défunt, ce jeune Français et ancien soldat s’était effectivement lié d’amitié avec Frantz lors de ses séjours à Paris. Mais qui est ce troublant jeune homme, si tourmenté et détenteur d’un secret des plus intimes?
C’est bien de l’absence dont il est question dans « Frantz » , un thème que le cinéaste avait déjà évoqué dans « Sous le sable » en 2000. Ici, l’absence de l’être aimé est celle de « Frantz » , un homme chéri par sa famille et idéalisé par sa jeune fiancée. L’arrivée du Français en terre vaincue suscite la haine et la méfiance, mais le jeune homme s’avère sensible et si proche du défunt qu’il pourrait même se substituer à lui…
François Ozon signe un beau film romantique où les tourments des jeunes héros les empêchent de reprendre une vie heureuse et apaisée. « Frantz » est l’incarnation du drame observé du point de vue d’Anna, une jeune femme qui devra reconstruire sa vie sentimentale et envisager un avenir serein. Toujours très léché, le film de François Ozon est une réflexion poignante sur l’absence, le désespoir d’une jeunesse sacrifiée.
Ozon frôle ici la perfection !
Le noir et blanc magnifié par une photo miraculeusement cadrée dans un ratio 2,35:1 nous fait traverser le mur du temps, l’empreinte de la mémoire, fidèle, infidèle, ou inventée. La couleur n’est pourtant pas totalement absente. Elle nous rappelle avec parcimonie que le drame qui se joue est le fruit d’un moment où le feu, le sang, les palettes des peintres étaient noyées dans le prisme tremblant du malheur.
Un grand moment de Cinéma.