Qui sont-ils? D’où viennent-ils? Sont-ils russes, moldaves, ukrainiens ou bien daguestanais? On ne sait pas trop. Tout ce que l’on sait, c’est qu’ils sillonnent en bande le hall des pas perdus de la Gare du Nord et déstabilisent le va-et-vient des voyageurs. Ils ont entre douze et vingt ans, bousculent les passants, les volent sûrement, narguent les forces de l’ordre… Parmi les voyageurs pressés, il y a Daniel, cadre à la quarantaine, qui croise le regard d’un de ces « eastern boys ». Rapidement, un rendez-vous pour une passade est pris. Le piège peut doucement se refermer.
Daniel, c’est Olivier Rabourdin, cet excellent acteur qui a été révélé au grand public grâce au film de Xavier Beauvois, « Des Hommes et des Dieux« . Dans « Eastern Boys » , il endosse le rôle d’un cadre solitaire dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il est un appât idéal. Parce qu’il a le malheur de tomber sous le charme juvénile de Marek (Kirill Emelyanov), ce jeune homme mi-ange mi-voyou. Mais Marek va transformer la vie de Daniel, le mettre à nu.
Avec ce deuxième film en tant que réalisateur après une absence de dix ans, le scénariste et monteur Robin Campillo propose un film subtil et fascinant qui associe intelligemment thriller et film social. Dans une mise en scène épurée, il divise son film en plusieurs chapitres après une première scène époustouflante de jeux de chats et de souris dans la Gare du Nord. Plusieurs thèmes traversent son film: la sexualité tarifée, la question de l’immigration, la confrontation de l’Occident et des pays de l’Est… Ces jeunes hommes, avant de jouer les caïds, sont des victimes de la barbarie humaine qui s’est déroulée chez eux, à quelques heures de Paris.
Après une confrontation déroutante entre ces deux mondes, Robin Campillo emmène son spectateur vers un haletant thriller dans lequel Daniel va devoir se battre contre Boss, le violent chef de bande, à la fois grand frère protecteur et véritable tyran (excellent Danil Vorobyev).
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