Le très attendu film de la sélection cannoise de 2010 mérite l’aura qui a précédée sa sortie en salles. « Des Hommes et des Dieux » est un film magnifique. Raconter le tragique destin des moines de Tibéhirine n’était pas chose aisée, surtout que les circonstances de leurs disparitions en 1996 ne sont pas établies à ce jour. Le brillant réalisateur de « N’oublies pas que tu vas mourir » et « Selon Mathieu », plonge son film et ses protagonistes dans un état de grâce en évitant un récit pathétique et larmoyant. Au contraire: parfois avec ivresse et légèreté – c’est la grande réussite du film – le spectateur assiste aux réflexions sur le devenir de l’homme, ses actes d’amour, son engagement, sa vie et sa mort à travers la communauté des religieux trappistes de ce village d’Algérie. Tout en posant les pierres d’une réflexion mystique, Xavier Beauvois filme sa famille de religieux, soudée et attachée à la vie villageoise locale, effectuant son labeur quotidien: le dispensaire médical, le travail de la terre, les prières et les repas. Dans un photo baignée d’ombres et de lumières, Lambert Wilson et Michael Lonsdale portent haut ce film indispensable.