Le Pape vient de mourir. Le conclave se réunit à huis-clos pour élire son successeur. Mais devenir Pape n’est pas une mince affaire…

Le film de Nanni Moretti a fait son petit scandale car il traitait de l’Église et des doutes qu’un haut dignitaire religieux pouvaient ressentir dans ses futures fonctions. Beaucoup de bruit pour rien: « Habemus Papam » n’est pas une charge contre l’Église, mais une œuvre qui décrit les cardinaux comme de simples êtres, sérieux et joviaux à la fois, en proie aux doutes. De simples mortels, en somme. Nanni Moretti se moque (gentiment) aussi bien de la religion que de la médecine, de la psychanalyse en particulier à travers le personnage incarné par le cinéaste lui-même.

La mise en scène d’ « Habemus Papam » est élégante, le montage savamment effectué. Et pour envelopper le film d’une atmosphère raffinée, la très belle musique de Franco Piersanti relève des scènes parfois un peu plates. Le Miserere (1989) d’Arvo Pärt, dans la scène finale, donne une dimension tragique et puissante au film.

Et c’est bien cette dimension-là que le cinéaste aurait du creuser: « Habemus Papam » ne fait, à notre grand regret, que survoler son sujet. On aurait aimé que le film soit concentré sur la personne Melville, ses doutes, sa foi, ses faiblesses mais aussi ses forces. Plutôt que de vouloir nous faire sourire avec un humour franchement désuet… Comme à son habitude, le cinéaste joue aussi dans ses propres films. Mais Nanni Moretti veut absolument faire du Nanni Moretti: alors que son personnage n’est pas essentiel (il n’est qu’un déclic finalement), le psychanalyste Brezzi en fait des tonnes, jusqu’à atteindre une certaine forme de narcissisme assez lassante.

C’est Michel Piccoli qui porte magistralement « Habemus Papam »: son jeu sensible et presque lunaire confirme qu’il est un de nos plus grands acteurs.

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