Le documentaire français se porte bien. Après l’excellent « Tous au Larzac », c’est un regard cinglant sur une aberration française que pointe « Les nouveaux chiens de gardes »: la trop forte promiscuité entre les médias et le pouvoir en place.
Le film est adapté du livre de Serge Halimi, publié en 1997 puis complété par une nouvelle édition en 1995 (Liber-Raisons d’agir). Il s’agit, dans le présent documentaire d’une durée de 1h40, de dénoncer un système malsain: les grands groupes de médias (presse, télévision) sont largement détenus pas des empires industriels ou financiers. Malgré une alerte de Pierre Bérégovoy dès 1983, ces mêmes groupes sont en connexion directes avec le pouvoir politique en place. La ligne éditoriale donnée aux journalistes découle ainsi naturellement du contrôle indirect du pouvoir.
Le constat est édifiant. c’est ce que nous présente le documentaire à travers trois parties reprenant les trois règles du journalisme: indépendance, objectivité, pluralisme. Certes, il n’y a plus de censure aujourd’hui, plus de Ministre de l’Information. Mais une auto-censure est insidieusement apparue du fait de la trop forte promiscuité des médias (depuis les groupes de presse jusqu’aux journalistes-vedettes) avec le politique.
Les réalisateurs Gilles Balbastre et Yannick Kergoat révèlent également les dessous de ces « experts », étiquetés chercheurs au CNRS ou éminents professeurs, mais en réalité siégeant également pour la majorité aux conseil d’administration de grands groupes: depuis Elie Cohen, en passant par BHL ou Alain Minc.
Parfois desservi par la forme ludique du documentaire, le fonds des « Nouveaux chiens de garde » reste éminemment indispensable. Pour mieux décrypter l’information, il est nécessaire de prendre du recul; c’est ce que nous invite à faire le film. Vous ne lirez plus votre journal ou ne regardez plus le journal TV comme avant…
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