Anne Fontaine, réalisatrice de « Coco avant Chanel » revient à ses sujets de prédilection: les amours troubles et ambigus. La brillante et prolifique cinéaste a choisi, avec le scénariste Christopher Hampton, d’adapter la nouvelle, tirée d’une histoire vraie, de Doris Lessing « Les Grands-mères ». Mamies, Lil et Roz ne le sont pas encore dans ce coin de paradis qu’est la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Ces deux amies d’enfance, mères de deux beaux garçons post-adolescents et adeptes de surf, vont laisser aller leurs émotions et leurs sentiments, faisant fi des tabous d’une relation quasi incestueuse.
« Perfect Mothers » ne surfe pas sur une image lisse et consensuelle où ces égarements malheureux auraient du vite rentrer dans l’ordre. Anne Fontaine explore les sensations retrouvées chez Lil (Naomi Watts) et Roz (Robin Wright) et celles, naissantes, chez les deux apollons Ian et Tom. Elle ajoute même de potentielles dulcinées qui pourraient ravir Ian et Tom à leurs amours, mais rien n’y fait. Le quatuor va s’enfermer sur lui-même, jouir jusqu’au bout et dériver, à l’image de la dernière scène où, sur le ponton au milieu de la baie, nos quatre tourtereaux savourent leurs amours interdits.
Cette histoire, plutôt dérangeante sur le fonds, est néanmoins parsemée de pointes d’humour et de piquants retournements de situation: un voisin sous le charme de Lil pense, devant son refus, que les deux copines sont en fait lesbiennes. Naomi Watts et Robin Wright sont superbes en quadra ravivées par l’amour. Ni cougardes ni « milf », affreux termes cataloguant ces mères de famille entretenant des relation sexuelles avec des hommes plus jeunes, les femmes de « Perfect Mothers » sont de vraies héroïnes modernes et post-soixante-huitardes, refusant de vivre leurs amours cachés et prêtes à tout pour le vivre intensément.
Véritable ode à la jouissance, « Perfect Mothers » a ce parfum sulfureux et libéré qui rappelle les Louis Malle, Marco Ferreri et autres Pasolini.
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