Hiver 1944, nord-est de l’Italie. Dans un village du Trentin-Haut-Adige, le vieil instituteur (Tommaso Ragno) recueille un soldat en  désertion, le jeune Pietro (Giuseppe De Domenico). Originaire de Sicile, ce dernier succombe au charme de la fille aînée, Lucia (Martina Scrinzi).

Village reculé de montagne, sommets enneigés, poids de la religion chrétienne… Vermiglio ou La Mariée des montagnes relate la dure vie quotidienne dans un village à la frontière autrichienne, Vermiglio, à l’heure où la guerre touche à sa fin. Sous l’autorité du patriarche, les enfants sont destinés aux travaux de la ferme ou, pour la plus éveillée, à poursuivre des études coûteuses. Si l’austère maison accueille des naissances, la mort marque également les habitants qui se réunissent lors des fêtes villageoises.

Cette vie montagnarde, régie par le défilement des saisons, est perturbée par l’arrivée d’un soldat en désertion, traumatisé par l’anéantissement moral des hommes sur le front. Sicilien, ne comprenant donc pas le patois local, le jeune homme s’éprend de Lucia, qui porte le prénom de la patronne protectrice. Les commérages – le soldat est perçu comme un lâche – n’empêchent pas le mariage. Mais Pietro doit se rendre dans son village sicilien, donner des nouvelles à sa famille…

Si Vermiglio ou La Mariée des montagne montre la condition des femmes – mères et filles sont destinées à l’enfantement -, il évoque également leur possible émancipation en fuyant vers la ville, refuge précaire où la main d’œuvre bon marché est demandée et, pour les plus chanceuses, l’accès aux études pour permettre un nouveau destin. Malgré sa rigidité, ce beau film de Maura Delpero a remporté le Grand Prix du jury à la Mostra de Venise en 2024. Il peut faire écho à Vierge sous serment (Laura Bispuri, 2015) avec Alba Rorhwacher.