Deux cousins juifs new-yorkais, Benji (Kieran Culkin) et David (Jesse Eisenberg), s’envolent vers la Pologne, terre natale de leur grand-mère. Ce voyage mémoriel va immanquablement rapprocher les deux quadragénaires, tous deux arrivés à un moment clé de leurs vies.

A Real Pain, deuxième réalisation de Jesse Eisenberg, acteur qu’on avait notamment vu en 2013 dans Night moves de Kelly Reichardt, reprend des éléments de la vie familiale de son auteur. Sur le mode de la comédie, le cinéaste démarre son film à l’aéroport de New York où les deux cousins, qui ne se sont pas vu depuis six mois, doivent se retrouver. Si David est de nature anxieuse, son cousin Benji semble quant à lui totalement rongé par ses névroses. Surtout, un lien unique rattachait ce dernier, inconsolable, à leur grand-mère disparue.

Tournée en Pologne, notamment à Varsovie, Lublin, dans le bourg de Krasnystaw ainsi que dans le camp de Majdanek, cette étonnante comédie parvient à porter une réflexion sensible sur les douleurs transgénérationnelles. Celles que les survivants de la Shoah ont irrémédiablement transmises à leurs descendants, leur forgeant une identité particulière, entre résilience et culpabilité, et une mémoire sans cesse ravivée. Ouvrant son sujet aux traumatismes de l’Humanité, Jesse Eisenberg y intègre dans le personnage d’Eloge (Kurt Egyiawan) la douleur d’un autre génocide, celui du Rwanda.

Si le personnage qu’interprète Kieran Culkin exaspère son monde au début de A Real Pain, il émeut tout autant lorsque cette comédie terriblement attachante se termine, nappée des mélodies de Chopin. Le film fait écho à Lune de Miel (Élise Otzenberger, 2018), qui suivait un couple sur les traces de leurs aïeux, et Promenade à Cracovie (Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer) qui filmait les retrouvailles de Roman Polanski et du photographe Ryszard Horowitz.

Ci-dessus: A Real Pain au Grand Action à Paris.