Deux amis se retrouvent à Cracovie et reviennent sur les lieux de leur enfance: le cinéaste Roman Polanski et le photographe Ryszard Horowitz. Si le premier est né à Paris en 1933, il a vécu ses premières années dans le ghetto de Cracovie pendant la guerre et s’est lié d’amitié avec son jeune comparse né un peu plus tôt, en 1939. Quatre vingt ans ont passé et les deux amis entament pour la première fois ensemble une déambulation dans la ville de leur enfance, dont la population comptait un quart de Juifs sur ses 250 000 habitants.
Ce qui surprend le spectateur de Promenade à Cracovie, c’est d’abord le ton badin des deux compères, survivants de la Shoah. Ils explorent cette ville devenue une cité aseptisée et dont les traces du ghetto, où près de 45 000 juifs y ont transité à partir de 1941, ont pratiquement disparu. Il fallait susciter l’hypermnésie de Roman Polanski et les souvenirs plus épars de Ryszard Horowitz pour faire revivre la mémoire du quartier de Podgórze: l’emplacement des murs d’enceinte du ghetto, les fenêtres obstruées pour éviter l’évasion, la synagogue…
Si le propos du film est évidemment nécessaire et indispensable, à l’heure où l’antisémitisme vit un regain d’activité en particulier dans les partis politiques situés aux extrêmes, les deux réalisateurs de Promenade à Cracovie, Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer, ont opté pour un formalisme désespérant, inspiré des documentaires du petit écran: platitude de la mise en scène, musique lyrique pour souligner le drame, arrêt sur image pour montrer l’émotion… Heureusement, le récit passionnant que Roman Polanski et Ryszard Horowitz convoquent dans Promenade à Cracovie se suffit à lui-même et participe à la mémoire des 2,7 millions de Juifs de Pologne assassinés pendant la dernière guerre.
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