Mexico, dans les années 1950. William Lee (Daniel Craig), un écrivain américain quinquagénaire, passe ses heures perdues en écumant les bars de la ville. Il s’éprend d’un jeune journaliste, Eugene Allerton (Drew Starkey), jusqu’à l’obsession.

On avait quitté il y a quelques mois Luca Guadagnino avec son opus américain Challengers, une histoire d’amour à trois entre de jeunes champions de tennis. Le cinéaste italien revient au pays – plus précisément à Cinecittà – pour y reconstituer un Mexique en carton-pâte qui renvoie à l’imaginaire des décors de l’Âge d’or du cinéma. Dans des bars vides ou des rues mal éclairées, où les néons jettent leurs couleurs criardes dans la nuit obscure, un écrivain alcoolique y promène son cynisme et espère des conquêtes masculines.

C’est Daniel Craig, dans un total contre-emploi de l’agent britannique 007, qui endosse le costume de William S. Burroughs, romancier drogué et désabusé, à la recherche de substances hallucinogènes. L’acteur, totalement stupéfiant, révèle un jeu qu’on ne lui connaissait pas. Autour de lui, Jason Schwartzman (Carla et moi, Nathan Silver, 2024) et Drew Starkey l’accompagnent, parmi d’autres, dans ses interrogations existentielles et ses pérégrinations dans la jungle sud-américaine.

Réalisation soignée, séquences cauchemardesques façon David Lynch, musique électronique du duo Trent Reznor et Atticus Ross… Cet étonnant Queer est une œuvre subversive non dénuée d’humour. Pari réussi pour Luca Guadagnino qui s’inspire du roman éponyme écrit en 1953 et publié en 1985 d’un auteur jugé inadaptable.