Durant la première guerre mondiale à Copenhague, Karoline (Vic Carmen Sonne), une couturière dont le mari est porté disparu au front, s’éprend du directeur de la fabrique de lin. En tombant enceinte, la jeune femme perd son emploi et ses aspirations à sortir de sa condition. Son enfant non désiré la plonge bientôt dans une descente aux enfers.

Tourné en noir et blanc au format 4/3, La Jeune Femme à l’aiguille s’inspire, sous la forme d’un conte noir, d’une histoire vraie. Sans révéler l’intrigue horrifique du nouveau film de Magnus von Horn, le récit passe du film social, en relatant les dures conditions de vie d’une mère célibataire au sortir de la guerre, au film noir, lorsque Karoline trouve refuge auprès de la mystérieuse Dagmar (Trine Dyrholm).

Avec une mise en scène précise et virtuose, le cinéaste suédois convoque aussi bien le cinéma expressionniste allemand en filmant les rue pentues et crasseuses de la ville, les frères Lumière et leur fameuse Sortie de l’usine Lumière à Lyon (1895) ainsi que des séquences magnifiquement lynchiennes – le cirque – sous les mélopées électroniques de Frederikke Hoffmeier (Puce Mary).

Si l’étonnante Vic Carmen Sonne livre une performance magistrale dans le rôle d’une jeune femme mal aimable et décidée, prête à affronter touts les écueils qui lui barrent son chemin, elle se fait presque voler la vedette par Trine Dyrholm, une actrice révélée dans Festen (Thomas Vinterberg, 1998). Cette dernière, sous les traits d’une bienveillante vendeuse de bonbons et qui, clandestinement, vient en aide aux mères dont la grossesse n’est pas désirée, incarne un personnage méphistophélique digne des faits divers les plus sordides.