Ils ont aujourd’hui plus de 70 ans. Ce sont des femmes et des hommes épanouis, qu’ils soient installés au cœur de Paris ou au fin fond de la campagne française. Et pourtant, ils ont du crier plus fort que tout le monde pour vivre pleinement leur homosexualité en ce début des années 1970. Mai 68 était certes passé par là, mais leur orientation sexuelle était largement considérée comme une « maladie psychiatrique »…
« Les Invisibles », remarquable documentaire de Sébastien Lifshitz, c’est un peu le « Tous au Larzac » pour cette génération d’homosexuels. Profitant du mouvement d’émancipation de la jeunesse française et de la condition féminine – en particulier avec le droit à l’avortement – des milliers d’hommes et de femmes ont milité pour que leur sexualité ne cesse d’être montrée du doigt.
Sébastien Lifshitz est parti à la rencontre des ces septuagénaires (certains sont octogénaires) qui se sont confiés intimement à la caméra. Avant d’être une affaire collective avec parfois la création de divers mouvements contestataires (les féministes, les groupements de la libération homosexuelle et même les homosexuels révolutionnaires…), ces hommes et ces femmes abordent un à un leur sexualité depuis l’enfance. Pour leur majorité, qu’ils soient fils et fille de bourgeois ou d’ouvriers, l’enfance et l’adolescence où « on se sent différent » se passe mal dans cette France encore rigide. C’est souvent tardivement, parfois à 40 ans comme Thérèse, après un mariage plus ou moins heureux, qu’on décidait de vivre pleinement sa vie d’homo.
Touchant et drôle, « Les Invisibles » renvoie à un autre débat: celui du mariage et de l’adoption par les homosexuels. Un nouveau Larzac sera-t-il nécessaire?
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