Scènes de la vie privée et publique de Nicolas Sarkozy, quelques mois avant son élection à la Présidence de la République, le 6 mai 2007. Ambitions, tractations et coups bas dans le camp du postulant. Tout est permis pour la conquête du pouvoir.
C’est certainement l’un des films les plus attendus de l’année, par son sujet (raconter l’ascension de Nicolas Sarkozy à la présidence alors que ce dernier est toujours en fonction) et par ses protagonistes (retrouver les visages familiers du monde politique, incarnés par des comédiens de renom). Mais les ambitions du film sont quelque peu ternies par un scénario assez creux, qui ne fait que survoler son protagoniste. Certes, on comprend que Nicolas Sarkozy ne fait pas partie du même monde bourgeois ou aristocrate que son entourage, qu’il « s’est fait tout seul » comme il aime à le rappeler. Le portrait de l’homme, en pleine rupture avec sa femme, n’est pas approfondi: il fait figure ici d’un agité ambitieux, sans nuances.
Dans ce cirque politique, mis en musique par une partition décalée de Nicola Piovani qui rappelle justement le barnum des chapiteaux, le spectateur prend un réel plaisir à retrouver les figures politiques incarnées par des comédiens stupéfiants, Denis Podalydès en tête. L’acteur arrive (l’exercice est difficile) à sortir de l’imitation de Sarkozy. De même pour Bernard Le Coq et Samuel Labarthe (incarnant Jacques Chirac et Dominique de Villepin), les ressemblances sont étonnantes.
On ressort tout de même avec le sourire (le film est drôle, les dialogues basés sur les verbatims réels, savoureux) avec cependant une impression de manque devant ce portrait politique d’un homme ambitieux, mystérieux et finalement peu dévoilé dans « La Conquête ».
Ci-dessus: Bernard Le Coq (Jacques Chirac) et Denis Podalydès (Nicolas Sarkozy) sont stupéfiants dans « La Conquête ».
« La Conquète » tient avant tout par l’intelligence de sa distribution, mais il faut reconnaitre que Denis Podalydès exécute, encore une fois, un tour de force hors norme. Il recule toujours plus loin les limites d’un interprète, dans le délicat exercice de l’incarnation d’un homme public, que l’on croit connaitre par coeur. Et il n’y a pourtant là aucun travail d’imitation; Podalydès, tout aussi crédible en poseur de cuisine (« Du vent dans mes mollets »), qu’en politicien ingérable.
Jusqu’où peut-il aller?