La vie de famille n’est pas une simple affaire surtout lorsque celle-ci est recomposée. Le réalisateur iranien Asghar Farhadi, fraîchement auréolé de son succès avec une œuvre qui évoquait déjà un divorce, « Une Séparation« , nous emmène au cœur d’une famille française éclatée dans laquelle la mère (Bérénice Bejo) demande a son mari iranien (Ali Mosaffa), reparti habiter Téhéran, de divorcer afin qu’elle reconstruise sa vie avec son nouveau compagnon (Tahar Rahim).
Le début du film commence par un divorce. On se met alors à avoir peur, pendant quelques minutes, à ce que Asghar Farhadi nous rejoue son dernier succès mais transposé en France. Rapidement, « Le Passé » explore ce qui aurait pu être « l’après Séparation »: le destin d’une femme active, mère de famille, qui souhaite le divorce pour refaire sa vie. Mais ce n’est pas si facile quand on a des enfants qui grandissent et qui ne comprennent pas forcément les souhaits de leur mère.
C’est Bérénice Bejo qui interprète cette femme blessée par des unions pas forcément heureuses mais toujours prête à prendre un nouveau départ avec un nouveau compagnon… Vive et sensuelle, elle confirme une maturité d’actrice qu’on ne lui connaissait pas. Tahar Rahim, son nouveau compagnon, prouve qu’il sait jouer autre chose que des caïds (l’acteur reste très marqué par « Le Prophète« ), ici en l’occurrence un homme totalement éteint par un drame conjugal. Enfin, Ali Mosaffa est sans doute la révélation du film d’Asghar Farhadi: doux et ferme à la fois, il est un homme brisé par un trop long déracinement.
Asghar Farhadi fait le tour de ses personnages sans jamais les juger: ce sont des hommes et des femmes, parfois des enfants, qui portent leurs blessures – parfois leur croix – et agissent en conséquence. Ils ne sont jamais parfaits.
On pourrait reprocher au film un côté vaudevillesque sur sa fin. Asghar Farhadi reste cependant un maître de l’observation minutieuse du délitement d’un couple.
Comme Rachid j’ai aimé Le Passé.
Tout dans ce film tient à un fil, mais un fil parfois tellement tendu qu’on redoute qu’il se rompe; et pourtant ce n’est jamais le cas. Réalisation, action, dialogues, acteurs (mention spéciale pour Bérénice Béjo), et bien sûr scénario ne nous laissent pas souffler une seule minute.
Et puis il y a le côté étouffant d’un suspense à rebondissements multiples et inquiétants que nous découvrons dans la quête de vérité et de compréhension des personnages. Fouiller dans le passé, le sien, celui des autres, et montrer cela avec maîtrise au cinéma, sans jamais s’égarer, relève du grand art.
J’ai aimé Le Passé.