« On ne les voit jamais et pourtant ils existent, les anarchistes » chantait Léo Ferré. Car c’est bien de la jeunesse anarchiste d’aujourd’hui dont il est question dans « Nocturama » le nouveau film de Bertrand Bonello.
Une poignée de jeunes gens, issus de milieux sociaux divers, commet l’irréparable dans la capitale: des attentats à l’explosif dans divers lieux symboles d’une société autoritaire et capitaliste: une tour de la Défense, des voitures garées devant la Bourse, le ministère de l’intérieur et… la statue de Jeanne d’Arc (emblème malgré lui du parti d’extrême-droite). Ces jeunes désillusionnés se réfugie dans un grand magasin parisien pour une nuit d’éternité, d’amour et d’effroi.
Après L’Appolonide et Saint Laurent et Bertrand Bonello signe un film hypnotique autour d’une poignée de nouveaux visages aussi talentueux les uns que les autres. deux films dans le film composent « Nocturama » : un premier film en forme de thriller sur la préparation des attentats où un savant montage tient en haleine le spectateur. Un second film, tournée dans l’ancienne Samaritaine (qui avait déjà servie de décor aux « Amants du Pont-Neuf » et Holy Motors » de Léos Carax) est comme une longue scène onirique dans une nuit de doutes existentialistes.
Qu’a t-on reproché au film de Bonello? Qu’il sorte sur les écrans quelques mois après les attentats de Paris et de Nice? Ecrit dès 2010, le cinéaste propose un portrait de jeunes radicaux désillusionnés en guerre contre un cruel système capitaliste. D’ailleurs, c’est bien un dirigeant d’une grande banque internationale qui est la cible de ces jeunes romantiques suicidaires.
Visuellement d’une grande beauté, « Nocturama » est une envoûtante descente aux enfers signé d’un cinéaste majeur.
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