Il était une fois Yves Saint-Laurent, le créateur de mode désormais entré au panthéon du patrimoine français. Quelques mois après le film réalisé par Jalil Lespert, le réalisateur de l’Apollonide nous offre une décennie sublime du grand couturier, les années 1967 à 1976, entre création, doutes et destruction.
« Saint Laurent » n’est pas un vulgaire biopic comme on en a (trop) vu sur les écrans dernièrement. La force du film de Bertrand Bonello est de réussir un portrait complexe d’un créateur en proie à ses démons: drogues, amours et traumatismes d’enfances. la période choisie est charnière: le couturier et son compagnon Pierre Berger (incarné par Jérémie Renier quelques semaines après « Le Grand homme« ) se lancent dans le prêt-à-porter et le contrôle de la marque Saint-Laurent et de ses fameuses initiales YSL. Tandis que le premier monte une affaire des plus rentables, le second s’enferme dans son art et se perd dans des aventures destructrices.
Habilement monté et finement réalisé par un réalisateur quasi culte depuis l’étrange « Tiresia » , le film est une oeuvre intelligente et ambitieuse où le charme et la nostalgie (de l’enfance, des jeunes années) sont magnifiquement mis en scène. Les scènes les plus touchantes sont celles du créateur vieillissant, incarné par l’immense Helmut Berger, enfermé dans sa tour d’ivoire et regardant un film de Visconti dans lequel l’acteur, alors au sommet de sa gloire, n’est autre qu’Helmut Berger… Quel étrange et nostalgique échos cinématographique d’une période révolue.
Gaspard Ulliel est exceptionnel de sensibilité et d’ironie, entouré d’une belle troupe d’acteurs: Jérémie Renier évidemment, Léa Seydoux, Amira Casar, Louis Garrel, Aymeline Valade, Jasmine Trinca et, autre résonance à Helmut Berger, Dominique Sanda, la magnifique Micol du « Jardin des Finzi-Contini » de Vittorio De Sica tourné quarante-cinq ans plus tôt.
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