Depuis « Festen » (1998), on sait que les repas de familles favorisent les révélations fracassantes, les secrets de famille, les non-dits qu’on croyait enfouis à jamais. Dans « Illégitime » du roumain Adrian Sitaru, un père de famille voit sa progéniture devenue adulte se révolter contre son comportement sous l’ère Ceausescu, il y a vingt ans de cela. Médecin, Victor Anghelescu (Adrian Titieni) empêchaient les femmes d’avorter comme le régime l’ordonnait. Un séisme familial va remettre en question les positions philosophiques et morales des uns et des autres.
Filmé comme un documentaire en quasi huis-clos (dans l’appartement familial, dans une chambre ou dans une voiture), ce film étouffant d’Adrian Sitaru bouscule à la fois les préjugés des protagonistes, une fratrie de quatre enfants dont des jumeaux, comme ceux des spectateurs.
Rien ne va plus chez les quatre rejetons puisque l’aîné est en rupture avec son père, la grande sœur tombe en dépression tandis que les jumeaux, la jeune Sasha et son frère Roméo, pensent que leur naissance n’était pas désirée. Ce manque affectif va provoquer chez ces derniers une relation interdite. Dans le rôle de Sasha, la comédienne trentenaire Alina Grigore est la douce révélation de ce film âpre et iconoclaste.
Sans juger ses protagonistes, « Illégitime » propose ainsi une réflexion sur la définition de la morale, religieuse et philosophique, que nos civilisations ont bâties depuis des siècles. Le cinéaste roumain observe une remise en question au sein de cette cellule familiale qui, in fine, s’en accommode.
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