Il conduit des bus dans sa ville natale de Paterson, New Jersey. Il s’appelle Paterson et écrit des poèmes à ses heures perdues.
Quand le cinéma rend hommage à la poésie, cela donne « Paterson » le nouvel opus du réalisateur-culte du cinéma indépendant des dernières décennies du XXème siècle. D’ailleurs, « Paterson » sent le parfum suranné des années 1980: le protagoniste principal reste réfractaire aux nouveaux langages technologiques, son entourage semble également vivre en vase-clos dans un monde rythmé par le travail et les rencontres de voisinage.
A l’heure des blockbusters qui envahissent les écrans, le cinéma de Jim Jarmusch redonne certainement un sens à l’art cinématographique. Ici, point d’effets spéciaux et grosses ficelles, mais une folle extase sur les petits riens de tous les jours. Paterson, à la sensibilité à fleur de peau, est un doux jeune homme qui a deux amours: sa femme (magnifique Golshifteh Farahani) et la poésie.
Le rôle-titre est tenu par Adam Driver, un très étonnant acteur déjà remarqué dans l’indépendant « France Ha » et le stupéfiant « Hungry hearts« .
Au volant de son bus, il observe le monde et ses habitants, ceux d’une ville moyenne d’Amérique dont le glorieux mais révolu passé industriel laisse des traces. Paterson, c’est aussi la ville qui a vu la naissance de deux grands poètes que le héros du film place au-dessus de tout dans son panthéon: Allen Ginsberg et William Carlos Williams.
Ode à la simplicité et à la douceur de vivre, « Paterson » est un film rare qui embarque son spectateur dans son lent et contemplatif voyage. Quand la poésie est le moteur d’un monde déchaîné et ultra-connecté, on ne peut qu’adhérer à la philosophie de Jarmusch.
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