A New York, Ingrid (Julianne Moore) apprend lors d’une séance de dédicace de son nouveau livre On Sudden Deaths que son ancienne amie Marta (Tilda Swinton) est hospitalisée. En lui rendant visite à l’hôpital, cette dernière lui informe qu’elle est atteinte d’un cancer du col de l’utérus. Devant l’échec des traitements, Marta demande à Ingrid d’être à ses côtés pour ses derniers jours.
Pour son premier film en langue anglaise et tourné hors de son Espagne natale, Pedro Almodóvar fait partie des rares cinéastes à ne pas perdre leur saveur qui ont fait leurs précédents opus. Sa « transplantation » à New York est une réussite. Il faut dire que ses deux personnages féminins – sublimes Tilda Swinton et Julianne Moore (cette dernière après May December, Todd Haynes, 2024) – inondent de lumière La Chambre d’à côté, malgré le sujet grave – la maladie et l’euthanasie.
Dans son vingt-troisième long métrage, Pedro Almodóvar a adapté à l’écran le roman de l’écrivaine américaine Sigrid Nunez Quel est donc ton tourment ? (What Are You Going Through), paru en 2020. Comme une continuité de son dernier et magistral Douleur et gloire (2019), La Chambre d’à côté se profile comme le constat lucide et apaisé d’un être qui aborde la vieillesse après une vie bien remplie, faite forcément de rendez-vous manqués. Pour son personnage principal Marta, qui reconnaît avoir été davantage paternelle que maternelle, c’est sa fille qu’elle ne voit plus et avec qui elle aimerait renouer avant de partir.
S’installant dans une maison près de Woodstock, dans l’Etat de New York, Marta et Ingrid vont se remémorer leurs souvenirs professionnels et amoureux – elles ont eu le même amant Damian (John Turturro). Et aborder sereinement la mort, dans une société où décider de mourir dans la dignité passe pour un crime.
Si les actrices sont magistrales, en particulier Tilda Swinton, le cinéaste madrilène propose une épure tant formelle que scénaristique dans La Chambre d’à côté. Pedro Almodóvar possède le sens de l’espace, que ce soit dans des habitats étroits ou dans les plans extérieurs; les palettes de couleurs sont distillées par touches (costumes, tableaux) sur un fond plus froid, voire clinique. La fluidité de sa caméra épouse celle d’un récit construit en deux temps – la ville (le vie); la nature (la dernière vie).
Cinéaste majeur et peut-être l’un des plus grands en activité, Pedro Almodóvar nous offre un récit lumineux qui invite finalement à aborder la vie comme la mort en douceur. La douceur de vivre.
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