Célèbre actrice en préparation d’un tournage, Elizabeth Berry (Natalie Portman) se rend à Tybee Island, près de Savannah en Georgie, afin d’y rencontrer Gracie Atherton (Julianne Moore), une femme d’une cinquantaine d’années qu’elle doit interpréter sur le grand écran. Il y a un peu plus de vingt ans, Gracie a épousé Joe Yoo (Charles Melton), avec qui elle avait entamé une relation amoureuse alors qu’il n’avait que 12 ans…
Réalisateur du superbe Carol (2016) et du film-enquête Dark waters (2020), le passionnant Todd Haynes réunit dans May December – une expression anglo-saxonne décrivant la forte différence d’âge d’un couple – un duo d’actrices d’exception: Julianne Moore et Natalie Portman. Dès leur première rencontre, la confrontation des deux personnages féminins se met en route sous l’œil impuissant et maladroit de Joe, un grand enfant de 36 ans qui semble être sous l’influence de sa femme.
Sous prétexte d’une enquête menée par Elizabeth pour s’imprégner de Gracie et transcrire au mieux sa vérité, le cinéaste américain explore les zones d’ombre de ces deux femmes. L’une qui assume jusqu’au déni sa liaison, l’autre qui assouvie un fantasme sexuel en sondant au plus près le couple atypique que forment Gracie et Joe. Ce dernier, jeune homme anesthésié, semble trouver le temps de la visite de l’actrice une voie libératrice.
Avec une mise en scène au cordeau et une splendide image sépia, sur le thème musical de Michel Legrand dans Le Messager (Joseph Losey, 1971) réorchestrée par Marcelo Zarvos, May December est une captivante et grinçante mise en abyme d’un trio de personnages hors norme portés par d’excellents comédiens. Le monstre n’est pas forcément celle que l’on croit, nous dit Todd Haynes en nous livrant un diabolique personnage, Elizabeth, magnifiquement interprété par une glaçante Natalie Portman.
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