Robert Bilot (Mark Ruffalo) est le nouvel avocat associé d’un grand cabinet new-yorkais. L’homme aux origines populaires s’intéresse, par le biais de sa grand-mère, à un mal qui ronge le bétail d’un éleveur dans la petite commune de Parkersburg, en Virginie-Occidentale, où une usine chimique DuPont est implantée. Tenace malgré les liens qui unissent le chimiste au cabinet d’avocats, Robert découvre que les eaux de Parkersburg sont sciemment empoisonnées par la multinationale…

Après le beau drame intimiste « Carol » (2016), le cinéaste Todd Haynes s’empare d’une affaire judiciaire qui a secoué l’Amérique et la vénérable – et pas forcément rexpectable – « du Pont de Nemours et compagnie » fondée en 1802: une matière nocive, le teflon, qu’on retrouve dans un grand nombre de composants de la vie de tous les jours, a empoisonné des dizaines de milliers d’habitants aux alentours, et causé la mort de certains. De 1998 à 2017, l’avocat Robet Bilot, se bat pour que toute la lumière se fasse sur cette catastrophe sanitaire et écologique.

Avec ses images glaciales, aussi bien dans les bureaux new-yorkais que dans la campagne hivernale, « Dark waters » remplit parfaitement son projet: le portrait d’un homme en lutte contre une puissante et cynique multinationale et les lobbies. La réalisation est efficace avec ses quelques magnifiques moments de grâce, avec son montage sec et sa musique prenante.

On attendait peut-être du cinéaste moins de classicisme pour ce « Dark waters », un film toutefois prenant avec un casting irréprochable, Mark Ruffalo en tête. L’acteur est excellent en homme issu d’un milieu populaire porté par ses saines valeurs républicaines.