Il faut le reconnaître: le nouveau film de Pedro Almodovar, en lice pour la Palme d’or du Festival de Cannes 2019, est un excellent cru du cinéaste madrilène, sinon le meilleur. Le réalisateur presque septuagénaire a atteint dans « Douleur et gloire » une impressionnante maturité et une excellente maîtrise de son art.
Salvador Mallo (Antonio Banderas) est un artiste comblé: ses précédents films sont primés, son aura intacte. Mais l’homme est rongé par une dépression, souffre de douleurs de dos et de maux de tête et, pour couronner le tout, est sujet aux insomnies… Pire, Salvador est en panne d’inspiration. Alors qu’un de ses films est à l’honneur dans une cinémathèque locale, Salvador se résout à sortir de son état comateux et retrouve Alberto (Asier Etxeandia), un de ses premiers comédiens avec qui il était brouillé.
L’heure est au bilan pour Salvador, l’évident alter ego du cinéaste: il se rappelle sa mère (Penélope Cruz), ses premiers émois sexuels, sa jeunesse disparue. Il évoque sa jeunesse madrilène dans les années 1980 – le pendant de celles d’Hervé Guibert en France – où l’homosexualité festive et heureuse battait son plein avant l’épidémie du sida. C’est avec des retrouvailles poignantes suivies d’un baiser majestueux avec son ancien compagnon Federico (Leonardo Sbaraglia) qu’Almodovar atteint un état de grâce inégalé.
Avec son casting impeccable, l’impressionnant Antonio Banderas en tête, « Douleur et gloire » confirme l’oeuvre d’un cinéaste arrivé à la maturité.
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