Allemagne, 1938. Joseph Goebbels (Robert Stadlober), ministre de la Propagande d’Adolf Hitler (Fritz Karl), s’occupe avec zèle de médiatiser, principalement par le cinéma et la presse, l’irrésistible ascension du Führer. Au point de devenir un de ses hommes de confiance les plus proches.

Les dernières sorties d’œuvres de fiction qui traitent du IIIe Reich, à l’instar de La Conférence (Matti Geschonneck, 2023) ou de La Zone d’intérêt (Jonathan Glazer, 2024), permettent au spectateur d’aujourd’hui de relire la machine du nazisme et de s’interroger sur une idéologie mortifère qui a causé des millions de victimes. Nombreux sont les documentaires – les récents L’Ombre du commandant (Daniela Volker, 2024) ou Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres (Andres Veieli, 2024) – qui complètent cette page sombre de l’Histoire de l’Humanité.

Si La Fabrique du mensonge ne possède pas les qualités cinématographiques des deux premiers films précités, il n’en demeure pas moins passionnant. En se concentrant sur un très proche collaborateur d’Hitler, « Herr Doktor » Goebbels (1897-1945), le film du cinéaste allemand Joachim A. Lang décortique la psychologie d’un admirateur forcené du Führer. Marié à Magda (Franziska Weisz), père de cinq enfants, amant de l’actrice Lída Baarová (Katia Fellin), l’homme adhère au nazisme comme on entre en religion. Il conçoit une vraie machine de guerre médiatique avec l’instrumentalisation de la presse et des images montrées lors des actualités cinématographiques dans les salles de cinéma. Les commandes de films de fictions à Veit Harlan – Le Juif Süss 1940 ou Kolberg (1945) – s’inscrivent pleinement dans la propagande de Goebbels.

Dans une reconstitution plutôt efficace à Berlin, à Wolfsschanze ou au Berghof, La Fabrique du mensonge intègre des images d’archives et les mêle judicieusement au film. Le film tient en partie grâce à l’interprétation magistrale de Robert Stadlober, de tous les plans. Arrogant, hystérique et boiteux, il incarne un Goebbels prêt à tout pour obtenir les faveurs du Führer, comme d’être choisi à la droite de ce dernier lors des déjeuners ministres où Himmler, Ribbentrop ou Göring se livrent un bataille d’ego.

Dans La Fabrique du mensonge, le bât blesse au niveau d’un scénario beaucoup trop didactique et, surtout, d’une réalisation sans puissance. Pire, le personnage d’Hitler semble totalement transparent. Malgré tout, le film ne cesse d’interroger la propagande d’hier qui renvoie immanquablement à celle d’aujourd’hui.