Rio de Janeiro, 1971. Rubens Paiva (Selton Mello), ingénieur et ancien député du Parti travailliste, est arrêté par les militaires au pouvoir. Résistant pacifique de la dictature en place, ce père de cinq enfants est envoyé en prison. Sa femme Eunice (Fernanda Torres) se met à sa recherche.
Cinéaste brésilien révélé par Central do Brasil (1998) et Carnets de voyages (2004), Walter Salles, après son adaptation de Sur la route (2012) de Jack Kerouac, transpose à l’écran le récit du fils d’Eunice et Rubens Paiva, Marcelo Rubens Paiva, intitulé Ainda Estou Aqui (2015).
De 1964 à 1985, le pouvoir autoritaire et militaire s’empare du Brésil. Malgré l’insouciance de l’été – baignade à Copacabana, corps dorés par le soleil, repas familiaux et amicaux -, une menace plane sur la famille Paiva. Si l’optimisme du père de famille, affairé par la construction de leur future maison, apaise la cellule familiale du climat politique ambiant, sa femme Eunice pressent la fin d’une parenthèse enchantée. Walter Salles distille parfaitement dans la première partie de Je suis toujours là cette tension palpable au sein du cocon familial, « zone secure » à priori intouchable.
Le second volet retrace, sur plusieurs années, le long combat d’Eunice pour dénoncer les exactions du pouvoir et établir la vérité sur l’assassinat de Rubens Paiva. Elle fera de son mari le symbole des disparus de la dictature du maréchal Castelo Branco. Poignant portrait d’une femme pugnace, tête droite et sourire aux lèvres, Eunice est interprétée par Fernanda Torres, magistrale en mère protectrice d’une famille minée par la disparition du père. Après l’insouciance d’une enfance brutalement interrompue, les frères et sœurs (notamment les jeunes comédiennes Valentina Herszage et Bárbara Luz) font le deuil d’un père et de la maison de leur enfance.
Avec l’incrustation d’images filmées par Vera (Valentina Herszage) au camescope, accompagné d’une subtile musique de Warren Ellis, Walter Salles reconstitue sans emphase, mais avec force, une période douloureuse du Brésil par le prisme d’une famille endeuillée.
Laisser un commentaire