Alain Cavalier nous envoie régulièrement quelques pages du journal intime qu’il constitue, sa caméra comme unique outil, depuis plusieurs décennies. Les plus récents récits sortis sur le grand écran ont pour titre Le Paradis, un conte philosophique cocasse, et Le Caravage, un portrait d’un cheval et de son dresseur Bartabas.
Le « filmeur » , comme il se définit lui-même, nous propose cette fois-ci trois films de deux récits chacun: « Léon – Guillaume » , « Jacquotte – Daniel » et « Philippe – Bernard ». Produits par Michel Seydoux qui lui assure une indépendance créatrice, les films documentaires d’Alain Cavalier sont des merveilles d’humanité et d’émotions. L’auteur de ces lignes n’a vu – pour l’instant – que les portraits de « Jacquotte et Daniel ».
Le premier portrait suit Jacqueline, une femme à la retraite qui, tous les ans accompagnée de son mari, rouvre la maison de son enfance comme elle rouvrirait un album de famille. Restée intacte, la demeure provinciale abrite, tel un musée de la mémoire, les objets et les photos accumulés toute une vie. Ce rituel plonge Jacqueline dans un bonheur tragique: les années passent, sa jeunesse disparaît et la maison se délabre.
Le second portrait nous invite dans le petit appartement parisien de Daniel Isoppo, un comédien et metteur en scène à la retraite. Vivant chichement, l’homme survit avec ses tocs et sa dépendance au jeu de hasard.
Le cinéaste, subtil et délicat, porte un regard humaniste et rieur sur nos contemporains. Il arrive d’ailleurs à créer des liens intimes entre le spectateur et les femmes et les hommes qu’il filme. Sa caméra « fraternelle » tisse un lien attachant avec les sujets de son journal.
Et lorsque, invité à rencontrer les spectateurs, l’homme revient sur son ouvrage, il est à la fois passionnant et d’une exquise douceur.
Ci-dessus: le « filmeur » Alain Cavalier rencontre ses spectateurs, lors d’une séance du film « Six portraits XL » au cinéma parisien l’Escurial.
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