On aurait tort de se priver de découvrir – ou redécouvrir – Mort à Venise sur le grand écran, la version restaurée par la Cineteca di Bologna et pour la première fois en numérique est proposée dans certains cinémas de l’Hexagone. Une aubaine pour céder à l’émotion d’une oeuvre où vie et mort se côtoient le temps d’un été dans la lagune de Venise.
Mort à Venise est à l’affiche des écrans français en 1971 et c’est une sublimation: le cinéaste-aristocrate mêle dans son oeuvre les arts du cinéma, de la musique et de la littérature. En adaptant une nouvelle de Thomas Mann, Luchino Visconti propose une réflexion sur la beauté en mettant en scène un compositeur de musique, Gustav von Aschenbach, un homme mûr mais à la santé fragile, débarquant dans la cité des Doges pour entamer une cure de repos.
Dans ce palace Belle-Epoque qu’est le Grand Hôtel des Bains sur l’île du Lido, le professeur se remémore ses discussions avec son ami Alfred à Munich: celles-ci portaient sur l’art et la beauté. Il repense également aux souvenirs heureux avec sa femme et leur fille.
Irascible, émotionnel, les nerfs à vifs, Gustav von Aschenbach semble perdu au milieu de la clientèle de l’hôtel, constituée de grandes familles étrangères. Mais un don de la nature surgit et irradie l’âme et le corps du professeur: un jeune adolescent de l’aristocratie polonaise prénommé Tadzio. Le jeune éphèbe au visage androgyne exerce une fascination quasi christique sur le professeur. Un dialogue de regards échangés commence et c’est l’occasion pour le professeur Von Aschenbach de retrouver les battements de son cœur malade, de déclarer une dernier fois son amour avant de mourir.
Dirk Bogarde, sublime en mélomane torturé et ému par la beauté et la sensualité de l’adolescent, transcende son personnage, une sorte de double de Mahler. Les plans baignés de lumière qui, au fur et à mesure, est étouffée par la mort qui rôde dans une cité des Doges en pleine épidémie de choléra, forment une véritable œuvre picturale. Sublimé par l’adagietto de la 5ème symphonie de Gustav Mahler, Mort à Venise est une œuvre crépusculaire inoubliable.
Ci-dessus: l’affiche française de Mort à Venise à sa sortie en 1971.
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