On avait quitté Arnaud Desplechin en 2017 après l’exaspérant « Les Fantômes d’Ismaël » où narcissisme et névroses épuisaient un spectateur dépassé par les jeux poussifs de personnages inintéressants. On retrouve le cinéaste adulé de la critique avec un nouveau genre, le polar, sur un scénario tiré d’un documentaire diffusé sur France 3 en 2008 “Roubaix, commissariat central. Affaires courantes”.
Et il faut dire qu’Arnaud Desplechin inaugure ce genre avec maîtrise et sobriété, loin des films de l’ancien flic Olivier Marchal. Si la première partie de « Roubaix, une lumière » suit le quotidien « banal » d’une brigade de policiers d’un commissariat de quartier de Roubaix, la seconde partie se concentre sur une garde à vue, magistrale. D’ailleurs, on pense au film éponyme de Claude Miller « Garde à vue » (1981) avec cette confrontation entre flics et suspectes et à celui de Bertrand Tavernier « L 627 » (1992) avec l’immersion dans un commissariat de police.
Ce sont des comédiens que l’on suit depuis longtemps qui surprennent de nouveau les spectateurs tant ils excellent dans « Roubaix, une lumière ». Sara Forestier et Léa Seydoux sont magnifiques de détresse et d’émotions tandis que Roschdy Zem impressionne par son charisme et sa nostalgie. Le comédien porte ce film avec grâce et aborde son personnage comme le héros solitaire, calme et taiseux d’un film de Jean-Pierre Melville ou d’un roman de Georges Simenon. Avec Roschdy Zem, nous avons trouvé la force tranquille d’un Lino Ventura ou d’un Jean Gabin, période années 1950.
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