Alors que Carlotta ressort en version restaurée une des œuvres les plus intimistes de Luchino Visconti, revenons sur cet étrange film qui mêle l’onirisme et la théâtralité. Un soir d’hiver à Livourne, alors que les boutiques ferment les unes après les autres, Mario erre dans les rues humides et sombres de la bourgade italienne. Quelques badauds et prostituées croisent le chemin du jeune homme arrivé quelques semaines plus tôt et en quête de chaleur affective. Mario tombe en arrêt devant les pleurs d’une jeune femme, Natalia, qui fuit néanmoins l’aide et le réconfort offerts par le jeune homme. Mise en confiance, Natalia raconte à Mario, épris et fasciné, son amour perdu: l’homme qu’elle a aimé un an plus tôt doit revenir et la rejoindra bientôt sur un pont de la ville, le soir tombé.
Tourné entièrement dans les studios de Cinecittà en 1957, « Nuits blanches » réunit trois acteurs majeurs de l’âge d’or du cinéma d’après-guerre: l’italien Marcello Mastroianni, le français Jean Marais et la suisse Maria Schell. Le cinéaste transalpin construit sur quatre nuits un récit palpitant, tour à tour sombre et lumineux, d’un amour espéré et désillusionné. Marcello Mastroianni, d’une touchante sensibilité émeut face à Maria Schell, séduisante et larmoyante. Comme un visiteur fantomatique qui traverse le film, Jean Marais fascine avec sa beauté troublante et son regard lointain.
Adapté d’une nouvelle de Dostoïevski, Luchino Visconti a choisi de situer son récit à Livourne plutôt qu’à Saint-Pétersbourg; ce n’est plus la Neva que longent les protagonistes mais les canaux de la cité toscane, reconstituée dans de fabuleux décors qui accentuent l’univers onirique et intemporel de « Nuits blanches ».
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