En 1995 sort sur les écrans le dernier film du critique et cinéaste suédois Bo Widerberg, un artiste qui devait s’éteindre deux ans plus tard et qui aujourd’hui reste quelque peu oublié du grand public. L’éditeur Malavida ressort en salles cette oeuvre ultime qui relate l’aventure amoureuse en 1943 d’un lycéen, Stig (Johan Widerberg, le fils du cinéaste), avec sa professeure Viola (Marika Lagercrantz). La belle jeune femme, délaissée par un mari représentant de commerce, plonge avec son fougueux élève dans un jeu sensuel et troublant.

L’apprentissage sexuel de Stig avec sa professeure est d’autant plus troublant qu’il noue un lien amical et inattendu avec Franck, le mari de Viola, qui, lorsqu’il n’est pas sur les routes, sombre au fond de la cuisine dans un alcoolisme désespéré. Vingt-cinq ans après sa sortie, que reste-il de ce film qui, sur le papier, sent le souffre? Si la réalisation est terriblement académique, de beaux moments ponctuent « La Beauté des choses », notamment les scènes de séduction et le huis-clos dans la chambre des amants. Le film est malheureusement bavard, voire ennuyeux; perd de sa force narrative notamment avec un personnage peu passionnant, le mari. Quant au contexte historique, si le décor est trop reconstitué, la toile de fond de la Suède en temps de guerre n’est que trop peu exploitée.

On aurait aimé un film fougueux, transgressif, palpitant. Reste le sourire de Marika Lagercrantz. C’est peu.