Cinéaste reconnu, Rey (Mathieu Amalric) rencontre lors d’une présentation de son film au Portugal une jeune artiste « performeuse » Laura (Julia Roy). Ce qui n’était au début qu’une rencontre d’un soir se révèle une véritable passion amoureuse qui amène rapidement le couple au mariage. Mais l’impossible Rey, entre doutes existentiels et quête de financement pour son prochain film, se tue à moto. Isolée dans leur vaste maison de Lagoa, la jeune veuve imagine le spectre de Rey.

Après son film en costumes « Journal d’une femme de chambre » adapté d’Octave Mirbeau, Benoît Jacquot s’attaque à l’oeuvre du romancier américain Don DeLillo. Il est épaulé au scénario par sa nouvelle muse et actrice principale Julia Roy. La jeune femme, à la beauté diaphane et troublante, irradie la pellicule de son mentor. Elle le retrouvera d’ailleurs pour son prochain film « Eva ».

Dans « A jamais » le cinéaste, à l’instar de son acolyte Olivier Assayas dans « Personal shopper« , joue avec les fantômes du passé. La mise en scène glacée de Jacquot sied parfaitement aux spectres et aux délires de Laura. Plus qu’une chasse aux fantômes, le spectateur est confronté à la spirale névrotique du personnage principal: ne pouvant vivre sans lui, elle le fera malgré tout continuer à vivre.

Mis en scène sous la forme d’un huis-clos dans une maison au bord de l’océan, le film – risqué – de Jacquot n’évite pas quelques égarements comme la maladroite scène d’Isabelle (Jeanne Balibar) évoquant la vie de son ancien amant. Mais la tension tient grâce au jeu excellent de Mathieu Amalric et à celui, subtil et gracieux, de Julia Roy. Cette dernière, touchante car dans l’impossibilité de vivre sans son aîné et son amour, est la révélation du film.