Ils travaillent dans l’édition ou dans le cinéma. Ils sont « installés » et vivent bourgeoisement. Ils sont parisiens et cultivent l’entre-soi. Mais leur monde a changé: le numérique déséquilibre le secteur de l’édition, les séries perturbent l’industrie cinématographique et « les gens » lisent moins de livres… Ajoutons que ce petit monde qui se côtoie régulièrement, s’aime, se déteste et se trompe de temps à autres. Cela donne « Doubles vies », le nouvel opus d’Olivier Assayas après les excellents Sils Maria et « Personal shopper« .

L’éditeur Alain (Guillaume Canet) est marié à l’actrice Selena (Juliette Binoche); il édite – jusqu’à quand? – les romans d’autofiction de son ami Léonard (Vincent Macaigne), en couple avec Valérie (Nora Hamzawi, une révélation). Difficile pour cette petite troupe d’échapper aux frustrations (de ne pas être éditer, de ne pas tourner, de ne pas être dans l’ère du temps du digital…) et de s’adapter aux changements de notre siècle.

Olivier Assayas peint dans « Doubles vies » le cynisme de ce milieu parisien à coup de grands dialogues – souvent trop longs – et de questionnements amoureux. Ce n’est pas inintéressant – au contraire – mais il manque ce je-ne-sais-quoi de jubilatoire tant dans les dialogues que dans les personnages (qui ne donnent pas envie d’être fréquentés, tant ils sont petits…)