A trente-trois ans, Eva semble à une étape de sa vie. Plutôt que de partir en villégiature loin de sa ville natale, la jeune femme fait le choix de rester, en ce mois d’août caniculaire, à Madrid. D’autant qu’un de ses amis lui prête un appartement situé en plein centre-ville historique où les fêtes populaires et religieuses de San Cayetano, San Lorenzo et la Vierge Paloma battent leur plein. Eva erre ainsi dans un Madrid apaisé, retrouve d’anciens amis et en rencontrent de nouveaux. C’est l’heure où Eva souhaite « devenir une vraie personne » et, peut-être, envisager une vie nouvelle.

De tous les plans, l’actrice Itsaso Arana qui interprète Eva a participé également à l’écriture du film réalisé par Jonás Trueba, le fils du cinéaste Fernado Trueba. Telle une vierge et sainte dans une ville fantomatique, la jeune héroïne – beauté pâle, lèvres pourpres et chevelure brune – profite de ces quelques jours de solitude pour se confronter à elle-même et observer ses contemporains, dialoguer avec eux et trouver un sens à la vie. Plus qu’un marivaudage rohmérien dont le film est parfois affublé, « Eva en août » est une ode aux doutes, aux questionnements et aux imprévisibilités de la vie. Un contre-temps que notre monde globalisé ignore.

« Eva en août » est aussi et surtout un film d’une immense liberté. Sa protagoniste, qui à l’âge du Christ au moment de sa mort, est à l’heure d’un premier bilan de sa vie: elle décidera de ses choix, de ses aventures amoureuses et de la possibilité d’une maternité. Récit sensible et apaisé, « Eva en août » est peut-être le « film féministe » le plus authentique où même les personnages masculins dégagent une féminité bienvenue. Peu commun dans notre monde machiste, arrogant et violent.

Apaisé et salvateur, ce récit-là nous emmène vers une parenthèse enchantée et terriblement porteuse d’espoir.

Eva en août de Jonás Trueba