Avec ses yeux d’un bleu intense et son fameux appareil Leika, le photographe et cinéaste Raymond Depardon a, depuis les années 1960, parcouru le monde. Co-fondateur de l’agence Gamma (une coopérative) avec Hubert Henrotte, Hugues Vassal et Léonard de Remy puis Gilles Caron, il a couvert de nombreux conflits étrangers: en Algérie, en Tchécoslovaquie un an après la répression soviétique du Printemps de Prague, au Tchad, au Liban, en Afghanistan… Amoureux de l’Afrique, il a arpenté les déserts et rencontré ses habitants. Militant, il a dénoncé les conditions de vie des aliénés dans le film documentaire « San Clemente », tourné dans un hôpital psychiatrique de Venise.
C’est sur les routes d’une France profonde, oubliée de la capitale, que le photographe pose désormais son appareil… Prolongement d’une exposition à la Bibliothèque Nationale et d’un recueil intitulé « La France de Raymond Depardon » (Editions Seuil / Bnf), « Journal de France » accompagne le photographe à bord de sa camionnette et sillonne cette France des années 1950, cette France qui lui renvoie immanquablement à sa jeunesse, lui le fils d’agriculteur de Villefranche-sur-Saône. Ici où là, il croisera un café-tabac, une boulangerie, un coiffeur, des vieux assis sur un banc… Patient, il attend la bonne lumière, pas la pleine lumière, mais celle qui magnifiera ses beaux clichés colorés. Raymond Depardon n’est jamais à la recherche d’une belle photo, mais d’une photo « vraie », lui le cinéaste du réel. Formidablement humain, Depardon entretient des liens simples et généreux avec « modèles ».
« Journal de France » est un portrait, co-réalisé par sa compagne et ingénieur du son de son état, Claudine Nougaret, d’un observateur de la vie humaine: qu’elle soit paysanne, judiciaire, politique, militaire. Entremêlé d’images d’archives, souvent inédites, le documentaire a la force de ne jamais tomber dans le narcissisme. Il reste simple. Comme l’est Raymond Depardon.
Voici les musiques et chansons qui illustrent le film Journal de France:
- « Mes Mains » de Gilbert Bécaud,
- « Beneath the Southern » Cross de Patti Smith,
- « Stranger in Paradise » de Gloria Lasso,
- « Vertiges de l’Amour » d’Alain Bashung,
- « Concerton for String Orchestra » de Grażyna Bacewicz,
- « Etude in B Flat Minor » de Karol Szymanowski,
- « Good and Evil » et « Circles » d’Alexandre Desplat
Oui! Merci pour votre présentation critique du film « formidable » de Raymond Depardon. Il faut le talent accompli des vieux comme lui – mais qui vient de réaliser la photo officielle du nouveau président de la République, pour oser nous rappeler, à travers le choix de leurs images, la vérité encore aujourd’hui toujours vécue de notre pays qui, malgré ses défauts légendaires, reste (pour encore combien de temps?) le plus visité et probablement le plus aimé du monde! Avec Depardon, on ne se demande plus pourquoi! Douce France, encore quelques minutes, Monsieur le Bourreau. HFV