Si Alejandro Jodorowsky revient dans le port chilien de Tocopilla où il a vu le jour en 1929, c’est pour raconter comment le petit Alejandro, fils de juifs émigrés, est devenu Jodorowsky. Fils unique chéri par sa mère et éduqué à la dure par son communiste de père, Alejandro va devoir affronter la rudesse de la vie et se construire sous le régime politique de Carlos Ibanez.
Le cinéaste des désormais cultes « La Montagne sacrée » et « El topo » a mis plus de vingt ans pour repasser derrière la caméra, laissant de côté les abondants scénarios de bandes dessinées qu’il a écrits. Il a choisit d’adapter son autobiographie éditée en 2001, « La Danse de la réalité » et de revenir en famille, sur les pas de son enfance. Car outre les 900 co-producteurs (tous crédités au générique de fin) qui ont participé au financement du film via Internet, le maître de l’ésotérisme a réunit une équipe qui comprend les siens tantôt pour faire l’acteur (son fils Brontis Jodorowsky incarne le père du cinéaste), tantôt pour composer l’entêtante partition musicale (son autre fils Adam), tantôt pour la création des costumes (sa femme).
Sous ses airs felliniens (la mère de Jodorowsky est incarnée par une diva à la poitrine abondante), le réalisateur embarque pendant plus de deux heures ses spectateurs dans une fable où politique, religion et fantastique sont joyeusement mêlés. Dans ce cirque de la vie où se croisent des nains, des manchots et des nazis, le vieux maître accompagne le petit Alejandro jusqu’au moment où l’appel du large sera inéluctable.
Le « joyeux bordel » de « La Danza de la Realidad » est un ravissement pour qui aime les contes un peu bricolés mais pleinement touchants. On pardonne à « Jodo » de s’égarer en cours de route, l’histoire de son enfance est un émouvant portrait d’une famille émigrée et soudée.
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