Endetté, le vieil Earl (Clint Eastwood) doit vendre sa maison et les serres qui abritent ses fleurs. Vétéran de la Guerre de Corée, l’horticulteur ne reconnaît plus l’Amérique du 21ème siècle où la crise touche désormais les seniors. Brouillé avec son ex-femme et sa fille, Earl se voit un jour proposer, moyennant quelques centaines de dollars, l’acheminement d’une mystérieuse cargaison. Avec son vieux pick-up, le nonagénaire entrevoit désormais la possibilité de joindre les deux bouts et, par là-même, de se racheter une virginité.
Avec son humour, son auto-dérision et sa sensibilité, « La Mule » rejoint la liste des meilleurs films réalisés et interprétés par le grand Clint. L’histoire étonnante d’un vieil homme qui transporte de la drogue permet au cinéaste de brosser une Amérique traversée par la crise et la violence, où même les vétérans et les seniors sont les laissés-pour-compte d’un monde globalisé. L’occasion pour le cinéaste de livrer un message poignant sur l’amour de sa famille, que son héros a tant délaissé au profit d’une vie de travail évaporée.
Sachant ses jours comptés, l’obsession du vieil Earl n’est pas tant de s’enrichir en « faisant la mule ». C’est, tel un hédoniste, contempler et jouir une dernière fois de la vie, aimer le corps de femmes et même… déguster les meilleurs sandwiches au porc du Midwest! C’est aussi le moment de renouer avec une fraternité perdue en finançant les copains et la famille.
Avec sa réalisation impeccable, ses magnifiques plans et sa bande-son de grands standards de la musique américaine, le fringuant jeune homme de 88 printemps réussit son coup en s’entourant de grands acteurs (Diane Wiest, Alison Eastwood, Andy Garcia, Laurence Fishburne) et bien sûr Bradley Cooper, son successeur naturel.
Oui jolie bande son aussi.