Est-ce un documentaire ou une fiction? C’est la première impression qui vient lorsque le film s’installe lentement sur l’écran. La première hypothèse semble indéniable tant le rituel ancestral d’un village calabrais nous est conté. Puis, petit à petit, c’est bien la fiction qui l’emporte à travers quatre histoires et quatre protagonistes: d’abord celle de ce vieux berger, gardien de chèvres dans la superbe montagne de cette partie d’Italie. Le vieux se meure pendant que des chèvres mettent bas. Chèvres que nous allons suivre dans la deuxième partie du film, plus particulièrement à travers un jeune chevreau. Puis vient le temps de la forêt, d’un arbre érigé en Pita dans le village d’Alessandria del Carretto et de sa transformation par les hommes en charbon. Vie et mort, hommes et nature sont les héros de ce très beau film du réalisateur italien Michelangelo Frammartino.

Aucun dialogue, seulement des bruits et des sons liés à l’environnement: le râle du mourant, les clochettes des animaux, l’aboiement d’un chien, le souffle du vent et puis surtout le silence.  De l’humour également, lorsque le chien du berger sème la catastrophe dans le village (on pense à Jacques Tati). Michelangelo Frammartino utilise de longs plans fixes pour mieux imprégner son public de sensations que les citadins ont oubliées: celles du temps qui passe et du spectacle de la nature.

Le Quattro Volte pourra en dérouter plus d’un d’abord par sa lenteur et par son parti-pris: raconter l’existence en silence, rien qu’en observant la nature et certains rituels lointains. Les images sont d’une très grande beauté.

Le film a été tourné en Calabre, dans le village de Caulonia (ci-dessous).

Un des protagonistes du film est un vieux berger calabrais.

On assiste à la naissance d’une chèvre…

… également à une célébration de « Pita » sur un grand arbre.

Ce même arbre sera réduit à l’état de charbon, selon une méthode ancestrale.