Deux voyous, Nick Robey (John Garfield) et Al Molin, commettent un hold-up qui tourne court. Nick parvient à s’enfuir des mains de la police et se réfugie dans une piscine publique. En cette journée de canicule, il rencontre dans le bain surpeuplé la charmante Peg Dobbs (Shelley Winters). La naïve jeune femme tombe sous le charme de ce jeune homme angoissé…

Poursuivi pour maccarthysme, « He ran all the way » (1951) est le dernier film de John Berry avant son départ pour l’Europe. La ressortie par le distributeur Swashbuckler Films en version restaurée de ce chef d’oeuvre du film noir – cité par l’éminent Patrick Brion dans son ouvrage de référence – est une aubaine pour les amoureux du cinéma américain des années 1950. Sur un scénario écrit par Dalton Trumbo et Hugo Butler, le film s’ouvre dans la chambre de Nick, un « bad boy » des quartiers. L’homme, alcoolique et loser, rêve d’un ailleurs que seul l’argent du casse lui permettra d’accéder. S’ensuit une rencontre capitale avec Peg, qui lui permettra le répit et le réconfort temporaires.

Tous les plans de ce film extraordinaire sont savamment maîtrisés: le hold-up raté, la fuite au milieu de la foule, la cache dans la piscine municipale et, pendant toute la seconde partie du film, l’étouffant huis-clos se poursuivant dans le logement familial de Peg. L’homme traqué est une bête indomptable qu’aucune parole – celle de l’amour, celle de la raison – ne pourra rassurer.

« Menaces dans la nuit » est d’une efficacité inouïe: son rythme haletant, sa musique composée par le grand Franz Waxman, ses plans larges et plus serrés lorsque l’étau se referme et son final époustouflant sur le pavé ruisselant. Du grand art!